Réflexions et analyses

La pensée latérale

On peut faire des devoirs un vrai moment de plaisir. Si, si ! En utilisant les techniques issues des travaux de Edward de Bono. Lisez plutôt.

Quand j’étais plus jeune, j’avais l’habitude de dessiner en mettant mon modèle tête en bas.

Ben oui. Tête en bas. Vous avez bien lu.

(Je vous rassure, mon modèle était une photo, pas un modèle vivant:-))

Je trouvais que je dessinais bien mieux avec le modèle tête en bas plutôt que avec le modèle dans le « bon » sens. Je ne me souviens plus ce qui m’avait fait adopter cette technique, mais cela faisait longtemps que je la pratiquais.

Un jour, mon prof de bio, me voyant dessiner au CDI, s’approche de moi et me dit :

« Toi aussi, tu as lu le livre « Dessiner grâce au cerveau droit » de Betty Edwards ?« 

Je l’ai regardé avec des yeux ronds 👀 . De quoi me parlait-il donc ?

Je me suis renseignée, et j’ai découvert ma technique expliquée dans le livre dont il me parlait.

Professeure d’art et auteur américain, Betty Edwards s’est longtemps interrogée sur ce qui fait que certains réussissaient à dessiner et d’autres non.

Quand elle interrogeait ceux qui savaient dessiner, ils avaient bien du mal à expliquer ce qu’ils faisaient de particulier.

A cette époque, les scientifiques commençaient à faire de grandes découvertes sur le cerveau. Elle s’est appuyée sur leurs recherches, et notamment sur la découverte de la latéralisation des hémisphères.

Dans son best seller, « Dessiner grâce au cerveau droit », elle explique que notre cerveau nous joue des tours.

Quand on dessine, notre cerveau gauche, celui qui range tout, classe tout, ordonne tout, croit tout mieux savoir que nos yeux, et il prend les commandes.

Quand on dessine une tête, il nous dicte donc l’emplacement des yeux, de la bouche, du nez…

Et on se trompe à chaque fois ! C’est pour cela qu’on dessine mal.

(A titre d’exemple, je vous invite à bien regarder les proportions de la figure représentée ci-dessous : le nez n’est PAS au milieu du visage. Pas du tout, du tout : ce sont les yeux qui sont au milieu du visage !)

Comment dessiner un visage de femme - Dessindigo

Quand on met son modèle à l’envers, on le dessine correctement parce qu’on piège notre cerveau.

Il n’a plus ses références.

Il ne peut plus prendre de raccourcis.

Il est surpris, n’a aucun repère, et laisse les yeux faire leur boulot. En fait, il laisse le cerveau droit aux commandes.

Bon, ce n’est pas pour vous parler de mes livres préférés que j’écris ce post. Mais pour vous parler de ce que cela m’a enseigné :

il faut savoir surprendre son cerveau pour le forcer à REFLECHIR.

Ne pas le laisser se reposer sur ses acquis.

La pensée latérale

C’est le principe de la pensée latérale, une technique de résolution de problèmes popularisée par Edward de Bono, spécialiste maltais des sciences cognitives.

Elle consiste, pour résoudre des problèmes, à se forcer à les regarder sous des angles nouveaux, étonnants, surprenants.

Un peu comme pour une photo, l’objectif est de rechercher activement différents points de vue.

C’est un peu comme si on se déplaçait mentalement comme on le ferait autour d’un bâtiment pour le photographier selon différents angles.

En faisant cela, on découvre de nouvelles possibilités.

Edward de Bono suggère de nombreuses manières de sortir de notre angle de vue habituel :

  • la technique des 6 chapeaux (chaque chapeau représente une manière pensée prévue à l’avance. Quand on prend un chapeau, c’est comme quand on joue un jeu de rôle, on doit penser avec un filtre particulier. par exemple,  lorsqu’il porte le chapeau blanc, le penseur énonce des faits purement et simplement. C’est le chapeau de la neutralité. Avec le chapeau rouge, le penseur rapporte ses informations teintées d’émotions, de sentiments, d’intuitions et de pressentiments. C’est le chapeau des émotions…)
  • la technique de la provocation : exagération ou de la distorsion des faits, inversion des objets (« Les avions devraient pouvoir atterrir sur le dos »), opposition (« Les usines devraient puiser l’eau en aval des rivières dans lesquelles elles puisent »), détournement de l’usage (« Les voitures devraient avoir des roues carrées »)
  • la technique des « pourquoi? » ou des « Et si? » (les enfants sont les maîtres de ces techniques éreintantes)
  • la technique de l’entrée aléatoire : exemple tirage aléatoire d’un mot du dictionnaire, servant de stimuli pour rebondir vers une autre voie de réflexion…

Et si on utilisait cette pensée latérale au quotidien ?

Pour les devoirs, au lieu d’apprendre classiquement un cours en le lisant, le recopiant ou le répétant, pourquoi ne pas

  • imaginer qu’on est un acteur, un médecin, … J’ai notamment révisé avec mon fils son cours sur les figures de style en prenant pour hypothèse qu’il existait des maladies qui forcent les patients à ne parler qu’avec une figure de style. Je lui demandait de me jouer le rôle de patient qui souffrent de litotite aiguë ou de chiasmite aiguë (je vous laisse chercher ce que sont les litotes ou les chiasmes ;-))
  • essayer d’expliquer du français avec des mathématiques (idem, j’ai expliqué à mon fils les figures de style avec des figures géométriques : le chiasme est une symétrie axiale par exemple ;-))
  • tirer aléatoirement un mot dans le dictionnaire, et on doit expliquer son cours en utilisant le plus de fois ce terme ou encore essayer de voir en quoi ce terme a un lien avec le cours
  • exagérer les faits en histoire par exemple, tenter de grossir certains aspects pour voir ce qui se serait passé (les enfants vont se prendre au jeu, et, je vous garantis qu’ils vont retenir)

La seule limite à cette liste : l’imagination.

En faisant cela, on change les règles du jeu, et le cerveau ne se met pas en mode « routine ». Il est éveillé.

C’est amusant, et surtout, c’est surprenant. Le cerveau apprend facilement.

Vous pouvez proposer à votre enfant de réfléchir à de nouvelles règles du jeu. Ils sont très forts pour en inventer.

Vous allez voir, les devoirs vont devenir un vrai moment de plaisir 🙂

On peut aussi le faire au bureau. Avez-vous essayé d’écrire un mail selon la méthode des 6 chapeaux ?

  • Vous écrivez une première fois en étant très neutre.
  • Relisez avec le chapeau rouge « émotion ». Retouchez votre mail.
  • Relisez avec le chapeau noir « critique négative ». Que changeriez-vous à votre mail ?
  • Relisez avec le chapeau jaune « critique positive ». Que changeriez-vous à votre mail ?
  • Relisez avec le chapeau vert « créativité ». Que changeriez-vous à votre mail ?
  • Relisez avec le chapeau bleu « organisateur ». Que changeriez-vous à votre mail ?

Normalement, à l’issue de ce travail, si vous avez vraiment endossé tous ces rôles, votre mail est nickel !

Cette méthode permet à la fois d’introduire un peu de nouveauté, de surprise (et souvent de plaisir) dans une routine, mais surtout de prendre le temps de trouver les meilleures solutions aux problèmes ou encore réfléchir de manière très efficace.

Pour finir cette petite réflexion, voici un petit conte qui m’a marquée :

Le conte des 2 galets

Il y a bien longtemps de cela, dans une petite ville italienne, un marchand eut le malheur de devoir une grosse somme d’ argent à un usurier, vieux et laid.

Celui-ci convoitait la belle fille du marchand. Il proposa donc un marché. 

« – Je veux bien annuler votre dette à une condition. Votre fille va choisir un caillou dans le sac que voici. Je vais y mettre 1 caillou noir et un caillou blanc. Si elle choisit le caillou noir, elle devient ma femme. Si elle choisit le caillou blanc, je m’en vais et vous laisse tranquilles.

Je refuse de choisir une pierre ! s’exclame la jeune fille

Si vous refusez mon marché, je fais jeter votre père en prison, grinça l’usurier.

Le prêteur se pencha pour ramasser deux cailloux. Alors qu’il les ramassait, le regard aiguisé de la jeune fille remarqua qu’il avait mis deux cailloux noirs dans le sac.

L’usurier demanda ensuite à la fille de plonger sa main dans le sac pour choisir un caillou.

Qu’auriez-vous fait à la place de la fille ? Si vous aviez dû la conseiller, que lui auriez-vous dit ?

3 possibilités viennent à l’esprit:

1. refuser de prendre un caillou. Son père risque la prison.

2. dénoncer la supercherie. Dans ce cas, l’usurier est montré comme un tricheur et, en perdant la face, il risque de se venger et faire emprisonner son père

3. Elle prend un caillou noir et se sacrifie pour sauver son père de sa dette et de l’emprisonnement.

👉 Voici ce que fit la jeune fille.

Elle plongea sa main dans le sac et en tira un caillou. Sans regarder, elle le laissa tomber sur le chemin au milieu des autres. Dans ce cas, impossible de le distinguer des autres cailloux.

«– Oh, comme je suis maladroite», s’exclama-t-elle. « Mais peu importe, si on regarde celui qui reste dans le sac on pourra dire celui que j’avais pris. »

Puisque le caillou restant était forcément noir, il fallait supposer qu’elle avait ramassé le blanc. Et comme le prêteur n’osa pas avouer sa malhonnêteté, la jeune fille a changé ce qui semblait être une situation impossible en une position avantageuse.

Malin, n’est-ce pas ?

En fait, il existe souvent des solutions malignes. Il faut simplement se mettre dans un état d’esprit qui nous permet d’y penser.

Cultiver cet état d’esprit est un art.

Cultiver cet état d’esprit nécessite un peu d’humour, d’espièglerie et de curiosité.

Et si on essayait ?

À propos Valérie

Je m’appelle Valérie, je suis mariée, mère de 3 enfants, et entrepreneure. J’ai co-fondé WeNow, une start-up qui vise à réduire l’impact des déplacements en voiture sur la planète. Pour en savoir plus sur cette aventure : wwww.wenow.com Multi-passionnée, je m’intéresse en particulier à la pédagogie, au développement personnel et à tout ce qui touche aux sciences comportementales ou aux travaux sur le cerveau. Fin novembre 2018, j’ai suivi le forum « Wake up, ou comment arrêter de vivre sa vie à moitié endormie ». J’ai décidé que je voulais vivre une année extraordinaire. Pour cela, je pose des actes à la hauteur de mes ambitions, pour être « le changement que je veux voir dans le monde » comme le suggérait Gandhi.

2 comments on “La pensée latérale

  1. La pensée latérale (versus pensée verticale) est un excellent outil de résolution de problèmes.

    J’aime

  2. Ping : RÉFLÉCHIR AUTREMENT – La voiedumilieu

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