Dire « non » est difficile.
Personnellement, j’ai beaucoup de mal à le dire.😰
Conclusion, même si je ressens au fond de moi que je n’en ai pas envie, pas le temps ou pas l’énergie,
- soit je ne dis rien – et ça vaut un « oui ».
- Soit je dis carrément « oui ».
Et je me retrouve dans des situations qui ne me conviennent pas 😱.
La conséquence ? je râle intérieurement, ou j’explose bien plus tard.
Ça vous est déjà arrivé ?
Peur du regard des autres
Alors j’ai cherché pourquoi je me retrouvais à dire oui quand je voulais dire non.
J’ai découvert que je n’arrivais pas à dire « non » quand j’étais face à 3 sentiments – la peur, la culpabilité ou le doute :
- Peur : « je perds une opportunité »
- Culpabilité : « je vais fâcher la personne en face de moi, elle ne va plus m’aimer »
- Doute : « est-ce que je ne me trompe pas ? peut-être que je devrais dire oui… »
En fait, je ne réussis pas à dire non quand je pense que dire « non » risque de me faire perdre l’estime des autres.
Dire non inspire le respect
Et bien j’ai lu une anecdote qui m’a fait changer d’avis :
dire « non » – respectueusement – peut, au contraire, renforcer l’estime que les autres ont pour nous.
Cette anecdote est une histoire vraie.
Elle a été vécue par l’un des plus grands agents sportifs de son temps, Bob Woolf. Elle est racontée par William Ury1 dans son livre « Comment dire non ».
» A l’époque où Larry Bird, la superstar du basket-ball était sur le point d’entamer sa carrière professionnelle météorique, Bob Woolf a reçu un appel téléphonique d’un comité de notables de la ville natale du champion, Terre Haute, Indiana : était-il intéressé pour se porter candidat au poste de représentant de Larry Bird ?
Bob Woolf a répondu oui, bien sûr, et il a pris l’avion pour aller se prêter à un épuisant entretien de huit heures avec ce comité, qui comprenait
- le directeur sportif de l’université locale,
- le président de la banque locale,
- le propriétaire du supermarché local
- et d’autres notabilités de la ville.
Ils voulaient tout savoir.
Après avoir passé en revue pendant plusieurs mois des centaines de candidats, le comité a réduit la liste à vingt-cinq, puis a quinze, et enfin à trois.
Bob a eu son entretien final à Terre Haute, et cela s’est si bien passé qu’il a appelé son épouse à Boston pour lui dire, avec beaucoup d’excitation, qu’il était pratiquement sûr d’avoir le poste.
A peine eut-il raccroché que les membres du comité appelèrent, pour demander s’il pouvait venir le voir.
Ils vinrent à dix se presser dans la petite chambre d’hôtel et lui dirent :
« Nous voulons que vous nous disiez le montant précis des honoraires que vous allez demander pour représenter Larry. […] Donnez-nous un chiffre en dollars.
Nous voulons le savoir avec exactitude.
M. Katz [l’autre candidat] nous a donné un chiffre, et nous voulons le vôtre. »
Bob sentit son estomac se serrer.
Il avait toujours travaillé au pourcentage, pas sur base d’un tarif uniforme. C’était son rapport de travail avec tous ses autres clients, et cela s’était toujours très bien passé.
« Écoutez, répondit-il, je comprends que vous me posiez cette question, et je respecte le désir de Larry de savoir combien cela va lui coûter.
Mais je veux travailler avec lui de la même façon que j’ai travaillé avec tous les autres.
Quand, à la fin d’une négociation, Larry aura un contrat, nous nous mettrons d’accord sur mes honoraires.
Je ne peux pas vous donner de chiffre maintenant.
Ce ne serait pas juste pour mes autres clients si je vous faisais des conditions spéciales afin de travailler avec Larry. J’aimerais vraiment beaucoup le représenter. Je considère que c’est une chance exceptionnelle.
Mais je ne peux pas vous donner la réponse que vous souhaitez. »
(…) Le président du comité l’a regardé droit dans les yeux :
« Bien. Nous voulons simplement être sûrs que vous mesurez les conséquences.
Nous vous posons la question une seconde fois. Donnez-nous un chiffre précis et nous pouvons conclure l’affaire.
Sans cela, je vous l’ai dit, vous risquez de ne pas représenter Larry Bird.
Donnez-nous un chiffre, s’il vous plait. »
Bob inspira profondément.
« Je ne peux pas vous donner de chiffre.
Je ne peux que vous répéter que ma rémunération sera raisonnable et que je travaillerai dur pour défendre Larry.
Mais je ne traiterai pas Larry Bird différemment des autres clients que je représente, et je suis prêt à en accepter les conséquences. »
Ils se serrèrent la main et les membres du comité sortirent.
« On n’a plus qu’à rester là, à regarder longuement la porte » dirait plus tard Bob.
« Je me sentais juste, mais malheureux. »
Il rappela chez lui et dit à sa femme :
« Tu ne va pas y croire, écoute ce qui vient de se passer. »
Son fils prit aussi la communication et s’efforça de le consoler.
« C’est très bien, papa, je suis fier de toi. Tu as encore des principes et je suis heureux de ce que tu as fait. »
Cinq minutes plus tard, le téléphone sonna.
« Bob ? C’est Lu Meis.
Je voulais juste vous dire que nous avions pris notre décision. Nous avons pensé que nous ne devions pas attendre demain matin pour vous l’annoncer.
– Oui ?
Bob se préparait à la mauvaise nouvelle.
– Nous avons décidé que ce serait vous.
Bob n’en croyait pas ses oreilles.
– Sérieusement ?
– Oui, Bob » a dit Meis.
« Nous savons à quel point vous voulez représenter Larry, ce que cela a signifié pour vous, le temps et les efforts que vous avez consacrés à cette affaire en venant ici.
Nous avons jugé que, si vous avez résisté comme vous l’avez fait, en restant ferme sur une position et en brisant net, vous êtes le type d’homme que nous voulons pour négocier au nom de Larry avec Red Auerbach2. »
Autrement dit, ils voulaient un agent capable de dire non (…) »
Conclusion
On a souvent peur de dire non pour les conséquences qu’on imagine désastreuses.
Mais, en fait, à chaque fois qu’on dit oui quand on a envie de dire non, c’est à nous qu’on dit non.
Alors oui, dire non n’est pas facile.
Et tous nos « non » n’auront pas le même dénouement que dans cette histoire.
Mais si nous avons vraiment envie de dire « non », disons-le !
Au moins, nous aurons notre propre respect pour nous.
Et, sans doute, nous forcerons le respect des autres.
Et, je suis convaincue que cela aura un effet positif à court ou moyen-terme.
Personnellement, cette histoire m’a touchée.
Je vais la garder en mémoire pour les prochaines fois où je serai tentée de dire oui alors que je veux dire non…
1. William Ury

William Ury a œuvré, à titre de consultant ou médiateur, dans la résolution de nombreux conflits nationaux et internationaux (grèves dans les mines de charbon du Kentucky, guerres au Moyen-Orient, Venezuela, Colombie ou en ex-Union soviétique).
Il raconte cette anecdote dans son livre « Comment dire non – savoir refuser sans offenser » p 165-168
C’est un livre formidable, que je vous recommande absolument.
2. Red

Arnold « Red » Auerbach, célèbre entraîneur américain (…) élu « plus grand coach de l’histoire du basket-ball américain »(…). Il entraînait depuis 1950 les Boston Celtics, et c’est lui qui a négocié l’entrée de Larry Bird dans cette équipe.
3. Bob Woolf

Si cette histoire vous intéresse, vous pouvez aussi lire le livre de Bob Woolf « Friendly Persuasion« , p 37-43





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