Réflexions et analyses

La courbe de l’oubli

À l’issue de 20 minutes de cours, un élève ne se souvient plus que de 60% du contenu du cours. Au bout d'une heure, il ne lui restera que 50% ; et 30 % le lendemain... Comment tirer parti de la courbe de l'oubli ?

Apprendre peut être une sacrée perte de temps… si on ne connait pas la courbe de l’oubli, et si on n’en tient pas compte dans la manière dont on apprend.

Quand j’étais jeune, je rentrais de l’école, j’avais l’impression de savoir mes cours. Et, ce n’était que lorsque se profilait une interro que je me mettais à réviser. Souvent la veille de l’interro d’ailleurs. Aujourd’hui, et bien… je ne me souviens de pas grand-chose.

Je constate chez mes enfants que cette pratique est toujours en vigueur. Pourtant les professeurs recommandent de commencer à revoir les cours de la journée… dès le premier soir. Mais comme ils ont l’impression de déjà tout savoir et que tout est frais dans leur esprit, ils parcourent distraitement le cours des yeux (et encore, ça, c’est quand je le leur demande)… et s’arrêtent là. Et je ne leur jette pas la pierre, vu que je faisais pareil à leur âge 🙂

Quelle erreur !

Parce qu’avec cette technique, c’est la meilleure manière pour qu’ils oublient tout, et que la veille de l’interro, ils soient obligés de tout ré-apprendre !

À l’issue de 20 minutes de cours, un élève ne se souvient plus que de 60% du contenu du cours. Au bout d’une heure, il ne lui restera que 50% ; et 30 % le lendemain… C’est ce qu’on appelle, la courbe de l’oubli

La courbe de l’oubli

La courbe de l’oubli a été modélisée par Hermann Ebbinghaus, un psychologue allemand du 19e siècle, qui a passé la plupart de sa vie à étudier la mémoire. En faisant des tests sur lui-même, il a notamment cherché à mesurer combien de temps il mettait pour tout oublier.

Ses tests étaient simples. Il a commencé par écrire sur des morceaux de papier 2 300 séries de syllabes de trois lettres sans signification (MIN, POH, JEB, …) et essayé de les retenir. Puis il a mesuré le nombre de séries qu’il avait gardé en mémoire 20 minutes après, 1 jour après, 1 semaine après, 1 mois après…
Voici ses principales conclusions :

  • quand les informations sont dénuées de sens, on les oublie encore plus rapidement,
  • l’oubli commence tout de suite après l’apprentissage, et on oublie très vite beaucoup d’informations
  • le pourcentage de choses mémorisées est proportionnel au nombre de fois où on a révisé
  • le réapprentissage espacé dans le temps est plus efficace
  • la qualité de la mémoire dépend de conditions telles que l’attention, la fatigue et le sommeil.
  • les premiers et les derniers mots de la liste sont mieux retenus.

En utilisant une formule mathématique, il a pu concevoir un graphique permettant d’illustrer la « Courbe de l’oubli », qui montre à quelle vitesse nous oublions les choses. Bon, évidemment, elle dépend de chacun. Mais globalement, deux solutions qui nous permettent de mieux retenir les informations :

  • La répétition
  • La qualité de la mémorisation

La répétition espacée

Plus nous répétons quelque chose fréquemment et plus cela s’ancre dans la mémoire. De la même manière qu’un tracé sur du sable se fait de plus en plus profond au fur et à mesure que l’on repasse dessus. Sans répétition, le tracé s’effacerait au fur et à mesure des vagues, du vent,…

Selon Ebbinghaus, il faudrait environ 7 rappels espacés pour mémoriser durablement une information. Et quand bien même elle serait oubliée un jour, sa réactivation serait facile.

Il semblerait qu’il faille un minimum de 3 répétitions pour ancrer une information. Et il serait recommandé de programmer ces répétitions le premier soir, le deuxième soir et le troisième soir.

Apprentissage actif

Attention. Il ne suffit pas de laisser glisser ses yeux sur le cours pour s’en souvenir. Il faut faire un effort actif de mémorisation. Se poser une question, et essayer d’y répondre. Sans cela, la mémoire n’est pas activée.

C’est pourquoi il est utile, lors de la première révision, non pas d’apprendre uniquement le cours, mais de réfléchir à des questions qui pourraient être posées pour voir si le cours a bien été appris.

Cela peut être réalisé sous forme de « flashcards« . C’est un journaliste autrichien passionné par l’apprentissage des langues étrangères, Sebastian Leitner, qui en a eu l’idée. Il s’est apperçu que la méthode traditionnelle pour apprendre le vocabulaire (ces longues listes qu’on doit apprendre) étaient particulièrement rébarbatives voire totalement décourageantes.

Il a eu l’idée de remplacer ces listes par des cartes (une feuille A4 coupée en 8 fait l’affaire) : sur l’endroit, on inscrit le vocabulaire à apprendre; sur l’envers, la traduction.

Ensuite, il suggère de construire une boîte avec plusieurs compartiments. On met les premières cartes dans le premier compartiment. Puis on révise les cartes une à une. Quand on répond correctement à une carte, on place celle-ci dans le compartiment suivant. En revanche, si on se trompe, on la remet dans le 1er compartiment derrière toutes les cartes. Et ainsi de suite. A la révision suivante, on passe au compartiment suivant.

Cette technique peut s’utiliser pour toutes les matières. Sur le verso il suffit d’écrire une question (une définition à savoir, une date de géographie, une formule de maths, …). Et au verso la réponse. Ensuite, lors de la révision il suffit de se poser la question et d’essayer d’y répondre. Et lorsqu’on ne s’en souvient plus, on replonge dans le cours. Testé et approuvé avec mes enfants. D’autant que cela donne l’impression de jouer à un jeu !

Il existe un logiciel disponible à la fois sur ordinateur et smartphone qui permet de créer des cartes de révision avec des questions/réponses. Et, le must, il vous propose automatiquement de réviser régulièrement selon la courbe d’oubli pour optimiser votre rétention des informations. Ce logiciel s’appelle Anki. Je ne l’ai pas testé, mais cela a l’air super.

En bref : il vaut mieux

  • programmer des sessions courtes
  • faire de l’apprentissage actif (écrire, se poser des questions, dessiner) et ne pas simplement lire son cours
  • répéter de manière espacée

À propos Valérie

Je m’appelle Valérie, je suis mariée, mère de 3 enfants, et entrepreneure. J’ai co-fondé WeNow, une start-up qui vise à réduire l’impact des déplacements en voiture sur la planète. Pour en savoir plus sur cette aventure : wwww.wenow.com Multi-passionnée, je m’intéresse en particulier à la pédagogie, au développement personnel et à tout ce qui touche aux sciences comportementales ou aux travaux sur le cerveau. Fin novembre 2018, j’ai suivi le forum « Wake up, ou comment arrêter de vivre sa vie à moitié endormie ». J’ai décidé que je voulais vivre une année extraordinaire. Pour cela, je pose des actes à la hauteur de mes ambitions, pour être « le changement que je veux voir dans le monde » comme le suggérait Gandhi.

1 comment on “La courbe de l’oubli

  1. C’est là que je m’aperçois qu’on ne nous a jamais appris à apprendre!
    La pédagogie évolue, je constate que mes enfants acquièrent plus de méthodes que nous au même âge, c’est bien.
    J’ai, moi, le sentiment parfois de ne plus rien retenir du tout. La mémoire n’est plus assez entraînée et la méthode n’est pas la bonne, voilà tout!

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :