Savoir dire non est une compétence essentielle dans la vie.
Mais c’est souvent plus facile à dire qu’à faire.
Que ce soit pour refuser une demande insistante (”maman, tu m’achètes ce jouet ?”) ou pour dire non à un comportement (mon conjoint rentre toujours tard. J’aimerais qu’il rentre plus tôt pour passer du temps avec lui), le simple fait de prononcer ce petit mot peut être source d’anxiété et de stress.
Mais pourquoi est-ce si difficile ?
Dire non est difficile
L’une des raisons principales est la peur de paraître égoïste ou de nuire à la relation avec l’autre personne. Nous voulons souvent éviter les conflits et maintenir une atmosphère harmonieuse, ce qui peut nous pousser à dire oui même lorsque nous voudrions dire non.
Mais la réalité est que céder à toutes les demandes ou tolérer des comportements qui nous dérangent peut avoir des conséquences néfastes à long terme. Cela peut entraîner de la frustration, du ressentiment et même des tensions dans nos relations.
Alors, comment dire non de manière constructive et positive ?
Le “non positif” : l’allégorie de l’arbre
William Ury a été au coeur de plusieurs négociations internationales tendues. Il propose une approche novatrice qu’il appelle le « non positif ».
Cette méthode repose sur une idée de renverser notre vision du non
- passer du « non » comme refus,
- à l‘affirmation de ses propres besoins et valeurs.
Pour lui, avant de dire non, on dit oui. Oui, à ce qui est important pour nous.
Il a donc inventé la méthode suivante, en s’inspirant des arbres.
Son “non” se fait en 3 parties :
- on énonce d’abord un “oui !” : comme les racines d’un arbre, notre “non” s’ancre dans tout ce à quoi on veut dire “oui”. L’exprimer, c’est aussi expliquer à notre interlocuteur pourquoi on dit non.
- ensuite, on exprime notre “Non.” : comme le tronc de l’arbre, c’est tout droit, simple sans fioriture.
- et enfin, on ajoute un deuxième “Oui ?” : comme les branches de l’arbre, ce « oui » ce sont toutes les possibilités sur lesquelles on peut ouvrir. Parce qu’en général, on dit “non” à une chose précise. Mais il y a sans doute plein d’autres opportunités ou d’autres voies possibles qui peuvent correspondre aux deux parties.

Les étapes du « non positif »
1. En amont, préparer son « non »
Avant de dire non, il est important de prendre un temps pour se préparer.
Dans cette étape, il préconise de faire 3 choses :
a. clarifier ce qui est vraiment important pour nous : notre « oui ! »
Quels sont nos besoins, nos valeurs, nos limites ? En identifiant ces éléments, nous pouvons ancrer notre refus dans ce qui nous tient à cœur.
Pour ce faire, il suggère de se poser les questions suivantes :
- Qu’est-ce que je cherche à créer en disant non ?
- Qu’est-ce que je cherche à protéger en disant non ?
- Qu’est-ce que je cherche à changer ?
- Qu’est-ce qui compte vraiment pour moi dans cette situation ?
- Comment serait-il si mes besoins étaient respectés ?
Répondre à ces questions et identifier ce à quoi on dit “oui” a 3 effets positifs :
- « vous ancrer dans le positif (…) au lieu de rejeter l’autre en disant non, vous pouvez simplement dire oui à ce qui compte le plus pour vous
- vous donner une orientation. Vous savez à présent où vous allez avec votre non.
- vous donner de l’énergie. Vous avez à présent le carburant nécessaire pour dire votre non et le maintenir face à la résistance. »
b. se préparer aux réactions de l’autre
Il est toujours plus efficace de tout préparer pour éviter de ne pas comment savoir se comporter :
- identifier un plan B : cela limite le pouvoir que l’autre a sur nous.
- identifier les attaques possibles de l’autre pour pouvoir les désamorcer avant même qu’il ou elle les utilise
- identifier des solutions alternatives possibles
2. Exprimer son « non » de manière positive
Une fois que nous avons clarifié nos besoins et vos limites, il est temps d’exprimer notre refus de manière constructive.
- commençons par affirmer ce à quoi nous disons oui : cela affirme notre intention et explique à l’autre pourquoi nous disons non. Exemple « Je tiens à passer du temps de qualité en famille le soir »
- puis énonçons notre refus de manière directe et simple, comme si cela découlait de la raison que nous venons de donner. exemple : « donc je préfère ne pas prendre de nouvelles responsabilités professionnelles pour l’instant. »
- et enfin ouvrir sur de nouvelles possibilités : dire à l’autre ce que nous voulons qu’il commence. exemple : « je serais néanmoins ravi.e de discuter de ton projet au café si tu souhaites mon avis. »
En exprimant votre refus de cette manière, vous montrez que vous respectez vos propres besoins tout en maintenant une communication ouverte et respectueuse.
3. Tenir bon et négocier si nécessaire
Une fois que vous avez exprimé votre refus, il est important de rester ferme tout en restant ouvert à la discussion. Si l’autre personne réagit négativement à votre refus, écoutez-la avec empathie et respect.
Il est intéressant de se rappeler que quand on dit “non”, on met la personne devant une situation nouvelle et désagréable. Or quand on entend une mauvaise nouvelle, on passe naturellement par une série d’émotions :

C’est normal !
William Ury rappelle que dans cette situation, le plus important, c’est de se souvenir qu’il faut
- rester le plus calme possible
- reconnaître le point de vue de l’autre : même si nous ne sommes pas d’accord, son point de vue existe. Et le reconnaître a souvent le mérite de faire baisser la tension.
Vous pouvez utiliser des phrases telles que :
- “J’aimerais m’assurer que je comprends bien ce que vous dites…”
- “Si je comprends bien, vous dites que…”
- “Aidez-moi à mieux comprendre. si je vous ai bien entendu…”
- “je comprends votre position, elle se défend. Il se trouve que je vois les choses différemment”.
En maintenant une communication ouverte et en cherchant des solutions alternatives, vous montrez que vous valorisez la relation tout en affirmant vos propres besoins.
Quelques exemples
Voici quelques exemples d’application de la méthode « Oui ! Non. Oui ? »
exemple 1
- « Pour assurer le bien-être de tous nos hôtes » -> Je dis oui à ce qui est important et cela donne l’explication de mon non
- « cette chambre est un espace non-fumeur » -> non.
- « Nous vous prions de fumer dans notre espace fumeurs, l’immensité extérieure ! Merci ! » -> j’ouvre sur d’autres possibilités
exemple 2
- « ca me gêne vraiment que tu me poses une question aussi personnelle » -> j’exprime mon « oui ! »
- « S’il te plait, peux tu ne pas le faire ? » -> poser son « non. »
- « Et quand je serai prêt à t’en parler, je te le ferai savoir. » -> proposer un « oui ? »
Conclusion
Dire non n’est jamais facile, mais en utilisant l’approche du « non positif », nous pouvons exprimer nos limites de manière respectueuse et constructive. En clarifiant nos besoins, en exprimant notre refus de manière positive et en maintenant une communication ouverte, nous pouvons préserver nos relations tout en restant fidèle à nous-même.
« A la maison, les parents qui sauraient adresser des non respectueux à leurs enfants subiraient beaucoup moins de conflits destructeurs (…)
Au travail, des cadres et des dirigeants sachant dire non parviendraient bien mieux à maintenir l’entreprise concentrée sur sa stratégie (…) les commerciaux sauraient quand et comment dire non à leurs clients – et se sentiraient soutenus en le faisant. Et tout le monde serait plus outillé pour instaurer un équilibre plus sain entre vie professionnelle et vie privée.
« Dans le monde en général, si les gens savaient dire non positivement, ils défendraient ce qui est juste par des méthodes efficaces qui conduiraient à des solutions constructives.
(…) Vous n’avez pas à choisir entre dire non et obtenir un oui. Vous pouvez faire les deux. » William Ury
Alors, la prochaine fois que vous vous sentirez obligé.e de dire oui alors que vous voulez dire non, rappelez-vous que dire non, c’est aussi dire oui à vous-même.
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