Faut-il que tous les enfants soient notés de la même manière ? A première vue, on est tenté de répondre « oui » à cette question. Pourquoi les enfants seraient-ils notés de manière différente ? Cela conduirait à des injustices, non ? Et pourtant, une discussion que j’ai eue avec une amie m’a fait changer d’avis sur le sujet…
Son fils avait été diagnostiqué dyslexique et dysorthographique en primaire. Ce sont des troubles de l’apprentissage de l’écrit qui se caractérisent par une difficulté à voir un mot dans sa globalité. Les conséquences sont terribles pour les apprentissages : lenteur à la lecture, difficultés à écrire et à comprendre les énoncés… Cette amie avait tout fait pour que son fils reste à niveau, classe après classe. Un vrai combat, plutôt réussi durant le primaire. Et patatras. Au collège, les difficultés sont réapparues. En effet, au collège, l’écrit prend de plus en plus de place. Il est demandé aux enfants de prendre des notes, de rédiger des textes de plus en plus longs dans les interros, de comprendre des énoncés de plus en plus complexes… Les professeurs ont donc proposé à cette amie d’adapter la scolarité de son enfant en lui accordant plus de temps qu’aux autres lors des contrôles. Et aussi de le noter différemment – moins sévèrement par exemple sur l’orthographe – que les autres enfants. Noter différemment… Cela l’avait, dans un premier temps, un peu choquée. Il y aurait une notation spécifique pour son fils ? Mais n’allait-il pas être pointé du doigt par ses camarades pour ses privilèges ? Et, puis, ensuite, lors de concours ou même dans la vie, aurait-il les mêmes bagages que ses camarades ? Est-ce vraiment une bonne décision ? En y réfléchissant, elle avait changé d’avis. Pour deux raisons.
L’école ne note pas ce qui est important dans la vie
La note sanctionne une toute petite partie des qualités ou des acquis d’un élève. Mais jamais sa patience, son enthousiasme, sa persévérance… qui sont autant de qualités requises pour la réussite du contrôle ou… et même surtout dans la vie. Idriss Aberkane en parle très bien dans son livre que j’avais commenté dans ce post. C’est dommage. Par ailleurs, l’école accorde une importance démesurée à l’écrit. Certes l’écrit est important. Mais il ne vous a pas échappé que lorsqu’on entre dans la vie professionnelle, on n’écrit plus. On tape nos textes sur des ordinateurs. Dotés de correcteurs orthographiques. Proposer un ordinateur en classe à un élève dyslexique, c’est finalement le préparer à la vie professionnelle avant tous les autres…
Restaurer la confiance en lui
Les notes de son fils baissaient. Il recevait systématiquement l’une des moins bonnes notes de la classe à chaque contrôle. Non pas parce qu’il n’avait pas appris ses leçons. Non. Simplement parce qu’il ne réussissait pas à retranscrire par écrit ses idées. Si on lui avait proposé de faire ses interros à l’oral, il aurait eu de super notes. Et, à la longue, cela avait un véritable impact sur sa confiance en lui. Il avait le sentiment qu’il n’arriverait jamais à rien. Il était donc urgent de lui redonner confiance en lui.
La note n’est pas le meilleur outil
Il a été démontré que la manière de communiquer les résultats a une incidence sur la manière dont les élèves jugent leurs capacités à apprendre. D’après R. Butler, faire un commentaire sur les points forts et les points faibles, sur les améliorations possibles d’un travail entraîne chez l’élève un intérêt et une performance ultérieure plus élevée qu’un feed-back via une note, même bonne. De même, une évaluation qui situe les progrès de l’élève par rapport à ses performances antérieures (par exemple, le nombre de fautes d’orthographes dans des dissertations) – même si ces progrès sont insuffisants – suscite davantage de confiance pour les apprentissages futurs qu’une évaluation qui compare sa performance à celles des autres élèves (comme c’est souvent le cas des notes scolaires).
Les notes ne doivent pas avoir de place a la maison
Nous sommes tous concernés par la réussite scolaire de nos enfants, trop même parfois. Il faut se rappeler que le plus important est leur confiance en eux. C’est cela qui va leur permettre de construire leur vie.
Le plus sournois est que les notes se présentent sous une apparence d’objectivité. On a l’impression que les notes sont le reflet exact d »une performance. Et pourtant, les professeurs adoptent forcément une grille de notation qui leur est propre. Un professeur d’allemand de mon fils note entre 2 et 12/20. Personne de la classe n’a plus que 12 ! Un autre ne note qu’à partir de 16. La note ne veut donc rien dire en valeur absolue. Mais pas forcément non plus en valeur relative.
En tant que parent, il est important de ne pas manifester d’émotion face à une note. Pas de réaction négative devant une mauvaise note. Ni d’ailleurs de félicitation pour une bonne note. Cela crée chez les enfants un lien entre la note/la performance et l’affection des parents. Cela développe le besoin de reconnaissance externe. La peur d’échouer et de perdre cette reconnaissance va le freiner, voir le paralyser.
Il faut plutôt s’intéresser à sa manière de comprendre, de travailler, à ses questionnements. Vérifier que l’enfant a analysé ce qu’il n’a pas compris et qu’il saura faire différemment la prochaine fois.
Donnons le goût et l’envie de la réussite… et le plaisir d’apprendre. Le reste ira de soi. Regardez cette vidéo. Elle se passe de commentaire.

Alors, oui, je crois désormais qu’il est utile d’adopter des barèmes de notation différents pour chaque élèves. Il peut même être indispensable de noter différemment. La difficulté ensuite résidera dans la manière dont le professeur saura expliquer les différences à la classe pour ne pas stigmatiser l’enfant…
Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà été confronté à ce type de question ?
Bravo Valérie! pour ton blog et pour partager ces idées inspirantes très précieuses dans le -parfois- difficile chemin d’être parent!
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Merci Jany, ça fait très plaisir !😍
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