Réflexions et analyses

Aider son enfant à faire ses devoirs ferait chuter ses résultats scolaires !

Je viens de découvrir une étude qui indique qu'au collège, aider ses enfants à faire ses devoirs ferait chuter ses résultats scolaires... Renversant !

Vous est-il arrivé de demander à votre enfant s’il a bien fait son devoir de maths ? De lui faire réviser sa géo ? De vous être arraché les cheveux car il ne connaissait pas sa leçon d’anglais ? Vous voulez vous impliquer, les aider, comprendre leurs lacunes pour les aider à s’améliorer ? Et bien, vous avez tout faux ! Deux sociologues américains ont sorti une étude pour le moins… renversante ! Dans « La boussole cassée », Keith Robinson et Angel Harris révèlent que les enfants qui sont aidés par leurs parents ne réussissent pas mieux à l’école que ceux qui font leurs devoirs seuls. Et même, au contraire. A partir du collège, aider ses enfants ferait chuter leurs résultats scolaires, et ce quelle que soit la classe sociale, l’origine ethnique ou le niveau d’éducation des parents. Une étude réalisée sur trois décennies d’écoliers, confortée par des travaux du PISA (le Programme international pour le suivi des acquis des élèves mis en place par l’OCDE). Ca alors !

Pourquoi ?

  • Parce qu’un enfant autonome apprend plus vite et comprend les problèmes de manière personnelle. En se débrouillant, il se construit lui-même sa façon de travailler, à apprendre plus vite et développe ainsi son autonomie. Bon, ca, ca parait logique !
  • Parce que les méthodologies qu’on a apprises dans notre jeunesse ne sont plus toujours celles que les enfants apprennent à l’école. Et même si cela nous semble évident et bien plus facile avec notre méthode à nous, on risque fort de l’embrouiller encore plus. Et puis, on est vite tenté, pour aller plus vite, de terminer à sa place. « Les parents font du mieux qu’ils le peuvent, mais souvent, ils ne se souviennent plus du sujet appris par leur enfant, ou alors ils ne l’ont jamais vu, ce qui signifie des devoirs de mauvaise qualité », explique Keith Robinson au magazine canadien Maclean’s. Ensuite, seuls face à leurs devoirs sur table, les enfants, qui n’ont pas appris à raisonner par eux-mêmes, se retrouvent dans une situation difficile.
  • Enfin parce que, surtout, nous nous projetons trop dans la scolarité de nos enfants : on aimerait qu’ils reproduisent notre parcours ou qu’ils fassent mieux que nous. Quand son enfant rate l’exercice, on le prend à coeur, on vit encore plus fort l’échec que lui. Et l’enfant ressent notre tension voire notre déception. Le suivi quotidien peut être vécu comme un manque de confiance de la part des parents, ou pire, donner aux enfants le sentiment de leur incompétence. Cela peut leur faire perdre leur envie d’apprendre.

Ne pas surprotéger

En fait, « ce qui nuit aux élèves, c’est surtout le suivi quotidien, strict et encadré des parents. Pas les petits coups de pouce de temps en temps », constate l’étude américaine. L’étude constate que nous avons tendance à surprotéger nos enfants. A force de vouloir le meilleur pour eux, on risque de ne pas leur laisser faire leurs propres expériences. En nous disant que leur réussite à l’école va conditionner le reste de leur vie, nous en faisons toujours plus. Trop, même. Peut-être en particulier avec l’aîné de la fratrie, avec qui on découvre les différentes phases de la scolarité. Ou encore avec nos garçons, peut-être moins intéressés par les études que les filles et qu’on aurait envie de pousser à travailler.

En primaire, il faut aider les enfants. Mais au fil des classes, il faut progressivement les laisser travailler seuls. Idéalement, dès la 6e, il faut qu’ils se débrouillent seuls. Le collège leur apprend à gérer sa charge de travail : c’est une bonne étape vers l’autonomie.

Évidemment, en revanche, il faut que les enfants puissent solliciter leurs parents pour demander de l’aide. Car il reste important que ceux qui ont des difficultés à l’école bénéficient du soutien de leurs parents.

Mais entre accompagnement et ingérence, la frontière est ténue. Et, le pire, c’est que nous voulons bien faire !

Ce qu’il faut faire

Les chercheurs conseillent aux parents de ne pas trop s’impliquer, mais de marquer leur intérêt et de privilégier d’autres formes de soutien

  • Pendant le primaire, il conseillent par exemple de « faire la lecture à voix haute ».
  • Pendant le collège, ils recommandent de « discuter » avec leur enfant de la planification de son travail, du monde qui les entoure. Discutez des lieux dédiés aux devoirs, des horaires des devoirs. Par exemple : « avoir fait ses devoirs avant de jouer ». 

Ils recommandent de ne pas proposer de l’aider avant qu’il n’en fasse la demande. En n’anticipant pas ses demandes, cela lui permettra d’avoir davantage confiance en lui. 

Soyez bien clair dès le début de l’année avec lui : vous ne serez pas derrière lui, mais vous êtes à sa disposition s’il en a besoin. Et s’il oublie de faire ses devoirs ou de les rendre en temps et en heure, il assumera auprès de ses professeurs.

Et lorsqu’il demandera votre aide, il faut se contenter de lui poser des questions pour le faire avancer, lui donner des conseils, l’aider à reformuler ses questions. Ne pas faire à sa place. Et éviter de pointer systématiquement les erreurs.

Pas question de trop s’impliquer lorsqu’il choisira ses options, ou de le punir s’il a de mauvaises notes : selon les sociologues, cette forme d’ingérence ne fera que créer chez lui de l’anxiété, voire de la défiance vis-à-vis des études. « Lâchez du lest, tout en restant présent en cas de besoin ». En fait, il faut que les études soient son problème, pas le vôtre… 

Au final, et c’est peut-être cela le plus important, il ne faut pas perdre de vue, que notre rôle de parent est de l’aider à acquérir les compétences qui lui permettront plus tard de résoudre ses problèmes sans avoir besoin de notre aide… pas de tout bien réussir aujourd’hui mais de ne pas savoir faire ensuite ! Cela signifie se poser la question régulièrement si ce que nous faisons l’empêche d’acquérir des compétences essentielles comme la responsabilisation ou l’autonomie. Ce qui signifie, par exemple, cesser de lui rappeler de faire ses devoirs ou lui demander s’il en a beaucoup. 

En lisant tous ces documents, je me suis dit que je suis tombée dans pas mal de panneaux ! 😱 Et vous, comment faites-vous les devoirs avec vos enfants ?

source : https://theconversation.com/si-vous-voulez-que-votre-enfant-progresse-a-lecole-ne-laidez-pas-a-faire-ses-devoirs-55786

À propos Valérie

Je m’appelle Valérie, je suis mariée, mère de 3 enfants, et entrepreneure. J’ai co-fondé WeNow, une start-up qui vise à réduire l’impact des déplacements en voiture sur la planète. Pour en savoir plus sur cette aventure : wwww.wenow.com Multi-passionnée, je m’intéresse en particulier à la pédagogie, au développement personnel et à tout ce qui touche aux sciences comportementales ou aux travaux sur le cerveau. Fin novembre 2018, j’ai suivi le forum « Wake up, ou comment arrêter de vivre sa vie à moitié endormie ». J’ai décidé que je voulais vivre une année extraordinaire. Pour cela, je pose des actes à la hauteur de mes ambitions, pour être « le changement que je veux voir dans le monde » comme le suggérait Gandhi.

4 comments on “Aider son enfant à faire ses devoirs ferait chuter ses résultats scolaires !

  1. Estelle L

    Ouf 😅 me voilà rassurée, et j’ai maintenant une bonne raison scientifique de laisser mes enfants se débrouiller avec leurs devoirs ! Merci beaucoup pour cet article !

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  2. Dominique

    Je découvre votre blog aujourd’hui : de belles pépites en perspective ! Merci ! Concernant cet article en particulier sur les devoirs, j’avoue que je suis une maman « mauvaise élève » 😉 Je suis de très (très) près les devoirs de ma fille en 5ème… Va falloir que je lâche un peu… beaucoup ? Pas sûre que je lui montre cet article 😀

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    • Merci Dominique pour ce commentaire : cela fait plaisir ! Ce fut aussi une découverte pour moi qu’il ne fallait pas être trop proche des devoirs de ses enfants au collège. Cela étant, je teste depuis que j’ai écrit l’article… et le résultat est pas mal…

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