Réflexions et analyses

Aider son enfant à préparer un exposé génial

Votre enfant a un oral à préparer : comment l'aider ? Jusqu'où s'impliquer ? Voici quelques conseils pour que ce soit une expérience géniale en enrichissante...

Ca y est, c’est le premier exposé ? C’est le premier oral ? Ce ne sera certainement pas le dernier. Entretiens d’embauches, présentations, négociations, animations de réunion : l’oral fait partie intégrante de la vie professionnelle. C’est donc l’une des compétences les plus importantes à acquérir dans la vie. Et c’est d’ailleurs dommage que l’école ne nous y prépare pas plus. Alors, comment faire ? Comment l’aider sans faire à sa place ? Voici quelques pistes exploitables quelque soit l’âge de votre enfant.

1/ Jusqu’où s’impliquer ?

Ca c’est LA question. Savoir jusqu’où aller dans la préparation. En fait, idéalement, les parents doivent apporter un cadre et un guide méthodologique. Cadrer le temps, aider à organiser, superviser les étapes… Mais les idées doivent venir de lui. Pourquoi ?

  • parce que c’est lui qui passera l’oral. Il faut donc qu’il comprenne de quoi il parle, qu’il l’incarne, surtout s’il doit répondre à des questions. 
  • parce qu’il ne sera jamais autant satisfait que si c’est lui qui a réalisé le travail.
  • parce que si vous faites tout à sa place, il ne pourra pas apprendre. Il faut faire des erreurs, se tromper.

Bon, ça parait logique, tout ça, mais c’est plus facile à dire qu’à faire.😜

Le mieux est que vous lui disiez que vous êtes le maitre du jeu : c’est vous qui donnez les consignes, le temps. Mais c’est lui qui fait. Prêt ?

2/ Apprendre à s’y prendre à l’avance 

C’est l’occasion de découvrir que tous les devoirs ne se font pas en une fois, mais que cela peut prendre du temps. Un oral, c’est comme une bonne ratatouille : plus il mijote, meilleur il sera. C’est forcément une énorme découverte pour nos chères têtes blondes qui sont habitués à faire une bonne fois pour toutes leurs devoirs (à l’école, à la maison). Ils n’ont pas l’habitude d’y revenir plusieurs fois. Mais c’est aussi un bon apprentissage pour la vie. 

C’est l’occasion de réfléchir aux différentes étapes pour réaliser l’exercice et écrire un rétro-planning (ah oui, c’est aussi l’occasion pour lui apprendre le jargon des grands, y’a pas de raison :-)). Voici les étapes qu’il va devoir franchir :

  • Cadrer le sujet
  • Chercher des idées
  • Définir le plan
  • Préparer ce qu’il va dire
  • Préparer un support
  • S’entraîner

En fonction de l’âge de l’enfant, il faut proposer un temps plus ou moins long pour chaque étape. Un petit ne pourra pas se concentrer longtemps sur chaque étape. Plutôt prévoir un temps de 20 mn par jour consacré au sujet. Un adolescent peut, lui, plus facilement passer 40 mn à 1 heure d’affilée. Toutes les étapes ne prennent pas le même temps. Il est néanmoins efficace de fixer un temps pour chaque étape. Cela a plusieurs vertus :

  • Obliger à être efficace – sinon, sans contrainte de temps, comme la nature a horreur du vide, on risque de passer des heures et des heures sur le même sujet.
  • Voir rapidement un résultat – c’est beaucoup plus enthousiasmant pour l’enfant.
  • c’est mieux de s’arrêter alors qu’on est sur sa lancée avec l’envie de continuer, plutôt que de s’arrêter en en ayant marre…

Programmez-le dans l’agenda familial, ou, mieux, créez un agenda spécifique que vous affichez à son mur. Ex :

  • lundi : chercher des idées,
  • mardi : définir le plan…

Les enseignants laissent en général du temps pour réaliser l’exposé. Mettez-le à profit pour espacer le travail. Cela ne va pas être facile de lutter contre l’envie de faire à la dernière minute ou de tout faire en une fois. Mais, justement, c’est votre rôle. Vous êtes le garant du temps. Le grand maître de l’horloge.

3/ Cadrer le sujet

Cette étape est très importante. C’est celle qui va permettre de cerner le sujet dont il va parler et ce qu’il a envie de passer comme message. Trop d’adultes ne prennent pas ce temps de définir en amont d’une présentation ce qu’ils veulent vraiment dire. Or, mieux le sujet est posé, plus la réponse qu’on va y apporter sera précise et pertinente. Tant qu’à faire, qu’ils prennent tout de suite le bon pli !

Apprenez lui les questions qui permettent de cerner son sujet : qui, quoi, quand, pourquoi, comment ?

Pour l’aider, vous pouvez lui demander de vous dire ce dont il veut parler, et, plusieurs fois de suite, vous lui posez la question : « Que veux-tu dire par là ? » ou « Pourquoi ? » cela va l’aider à préciser sa pensée.

Vous pouvez aussi lui faire noter ce qu’il n’abordera pas.

4/ Chercher des idées

C’est l’étape du « brainstorming » (oui, oui, continuez à lui apprendre les mots des grands, ca lui montre que c’est un exercice que même les grands font). S’ils sont créatifs, ils vont aimer cette étape-là, et peut-être y passer trop de temps. S’ils le sont moins, ils peuvent être un peu perdus. Le plus important, c’est de commencer à le faire réfléchir, lui, tout seul, avec sa tête, sans se jeter sur internet. « quand tu penses à ce sujet, tu penses à quoi ? Tu vois quoi ? Tu es ou ? Tu penses a quel livre ? A quelle anecdote cela te fait-il penser ? Qu’est-ce qui est surprenant ? Qu’est-ce qui fait peur ?… » 

C’est mieux de commencer comme cela, pour plusieurs raisons :

  • Cela apprend à l’enfant à raisonner (utiliser ses connaissances pour les agréger et proposer une réflexion personnelle)
  • Internet est un labyrinthe : on peut y passer des heures, se perdre… et, à la fin, être fatigué sans avoir rien produit.

Pour cette étape, le mindmapping est super pratique. Cela permet d’écrire toutes les idées sur la feuille, sans essayer tout de suite de les ordonner. Et surtout de permettre des associations d’idées. Vous pouvez prendre une grande feuille et la scotcher au mur, et écrire dessus en mode mindmapping. Ou encore utiliser des postits sur le mur, ou encore des papiers que vous pouvez scotcher sur le mur. Apprenez à occuper l’espace pour réfléchir. C’est utile de pouvoir coller et décoller les idées pour changer leur place dans votre réflexion, ou rapprocher des idées qui se ressemblent.

Une fois que vous avez positionné de nombreuses idées vous pouvez lui proposer d’aller plus loin : internet, bibliothèque… Avec deux directions :

  • Compléter vos idées avec des images, données, textes
  • Éventuellement trouver des idées complémentaires.

Apprenez à votre enfant à se donner un temps limite pour ces recherches et un cadre de recherche : « ok, on va sur internet. Tu vas chercher quoi ? » Se poser les bonnes questions permet aussi de trouver les bonnes réponses…

Vérifiez avec votre enfant la fiabilité des sites qu’il a consultés. Evitez d’imprimer toutes les pages de recherche. Mieux vaut qu’il note les idées ou les phrases. Que fera-t-il de ces dizaines de pages qu’il ne saura pas résumer ? 

5/ Faire le plan

Apprenez-lui qu’il faut un ordre pour raconter une histoire. Si on commençait par la fin lorsqu’on raconte une fable, ce serait tout de suite beaucoup moins intéressant, non ? Dans cette étape, votre enfant va devoir sélectionner 3 thèmes bien distincts qui seront les différentes parties de l’exposé. Je vous conseille vivement de réaliser cette étape un jour différent de celui de où vous avez effectué les recherches. Car le cerveau aura laissé un peu « décanter » toutes les informations qu’il aura recueillies. Idéalement, cette étape-là doit se faire sans les notes prises durant l’étape de recherche. Juste avec ce qu’il a retenu. Faites-lui réfléchir aux grands thèmes qui se dégagent. Faites-lui imaginer plusieurs plans : on peut faire un ordre chronologique, un ordre thématique, un ordre d’importance, les avantages et les inconvénients, problèmes/causes/conséquences…

Comme l’enfant n’aura pas le temps de tout dire, il va devoir sélectionner le plus important et « jeter » tout le reste !

6/ Ecrire l’exposé

Dans chaque partie, l’enfant va choisir les informations les plus importantes. Demandez-lui de sélectionner aussi des détails étonnants ou amusants, des choses qui l’ont impressionné. Ils intéresseront sûrement ses auditeurs. 

Ensuite, l’enfant peut rédiger son texte. Idéalement, il est plus intéressant de ne PAS écrire de phrases entières, mais uniquement les grandes idées. Car, s’il écrit des phrases entières, le jour de l’oral, il sera moins à l’aise. A nouveau, vous pouvez ici vous servir du mindmapping : le titre au centre, les 3 grandes parties autour du titre, et chaque idée importante autour de sa partie. Attention à rester lisible pour qu’il puisse jeter un oeil sur son papier le jour de l’exposé.

Pensez aussi à lui faire construire une introduction (qui peut être courte mais qui positionne le sujet et annonce le plan) et une conclusion (qui résume ce qu’il a dit et donne son opinion sur le sujet).

Petit bonus : il peut préparer un quizz avec des questions à poser à ses auditeurs, ou imaginer les questions qui vont lui être posées pour réfléchir à des réponses.

7/ Préparer le support 

Le support diffère selon l’âge et les attentes. Une affiche ? Une présentation powerpoint ? Pensez à n’écrire que les choses importantes, et mettre plus d’illustrations que de texte.

Attention : il faut que ce soit lisible. Donc penser a écrire plutôt gros. 

8/ S’entrainer

Quand tout ce travail est fini, il faut se préparer. S’entrainer, s’entrainer et s’entrainer encore pour pouvoir parler en regardant ses auditeurs, sans trop lire les notes. Il faut que votre enfant ait en tête que, lorsqu’il fait un exposé ou passe un oral, c’est comme s’il devenait le professeur : à lui d’être pédagogue pour bien expliquer la leçon et intéresser son public…

Un oral réussi, c’est un oral ou :

  • le public comprend le plan et ne se sent pas perdu
  • le public comprend l’orateur parce qu’il parle distinctement
  • le support visuel permet de soutenir la démonstration
  • le public s’amuse, bouge : pourquoi ne pas imaginer des anecdotes, ou amener des choses que les auditeurs pourront regarder, toucher, sentir, écouter ou gouter ?

Pour rendre l’entrainement agréable et non redondant, variez les façons de faire. Enregistrez l’exposé, filmez-le, … C’est comme pour le sport ou l’art : pratiquer est la clé pour bien performer.  Ça aide aussi à diminuer le taux de stress et d’anxiété.

Et vous, avez-vous expérimenté des méthodes pour accompagner vos enfants dans la préparation d’un oral ?

À propos Valérie

Je m’appelle Valérie, je suis mariée, mère de 3 enfants, et entrepreneure. J’ai co-fondé WeNow, une start-up qui vise à réduire l’impact des déplacements en voiture sur la planète. Pour en savoir plus sur cette aventure : wwww.wenow.com Multi-passionnée, je m’intéresse en particulier à la pédagogie, au développement personnel et à tout ce qui touche aux sciences comportementales ou aux travaux sur le cerveau. Fin novembre 2018, j’ai suivi le forum « Wake up, ou comment arrêter de vivre sa vie à moitié endormie ». J’ai décidé que je voulais vivre une année extraordinaire. Pour cela, je pose des actes à la hauteur de mes ambitions, pour être « le changement que je veux voir dans le monde » comme le suggérait Gandhi.

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