Je ne sais pas vous, mais moi, je ne trouve pas forcément facile de savoir comment réagir face à quelqu’un qui ne va pas bien. Je me sens gauche, maladroite…
Un enfant qui ne dit rien, mais dont je sens que ça ne va pas.
Un collègue qui est déprimé.
Une amie qui vous avoue que « tout va mal en ce moment ».
Parce que soyons honnêtes :
voir quelqu’un souffrir, on n’aime pas.
Pour ne pas sentir cet inconfort,
– on change de sujet : “Tiens, ça te dit qu’on aille au cinéma pour te changer les idées ?”
– on rassure : “T’inquiète, ça va passer.” / “T’es fort.e, tu vas gérer.”
Ça marche ?
Ben en fait, pas vraiment.
En général, la personne se sent encore plus isolée.
Alors… comment on fait mieux ?
Bonne nouvelle : il existe une méthode simple issue des recherches scientifiques.
Elle ne nécessite pas d’être psy. Juste un peu de présence. Et surtout : de suivre la méthode dans l’ordre.
Voici les trois phases à suivre – sans changer l’ordre.
1. « Je vois que ce que tu vis est difficile. »
Cette première étape est cruciale : valider l’expérience émotionnelle de l’autre.
Pas chercher à réparer. Pas minimiser.
Juste reconnaître que c’est dur.
“Je t’entends. Et je vois que c’est vraiment difficile pour toi.”
Ça peut sembler simple, mais c’est puissant.
Selon les travaux de Marsha Linehan (1993) sur la validation émotionnelle, c’est l’un des leviers les plus efficaces pour réguler l’émotion et renforcer le lien.
Quand on se sent vu, entendu, pris en compte…
Notre système nerveux se détend. On n’a plus besoin de se justifier ou de se défendre.
A contrario, les phrases comme “allez, ça va aller” peuvent activer un sentiment d’invalidation, même involontairement.
Imaginez… Vous aussi, vous avez déjà dû traverser des moments difficiles. Qu’auriez-vous aimé qu’on vous dise ?
Moi, c’est clair, j’avais surtout envie qu’on reconnaisse que ce que je vivais était difficile.
2. « Je pense que tu as les ressources pour traverser ça. »
Une fois que la souffrance a été reconnue, on peut reconnecter la personne à sa propre force.
“Je sais que c’est dur.
Ça ne sera pas facile, mais je sais que tu vas t’en sortir.
Tu as déjà traversé des moments compliqués. Je crois sincèrement que tu as les ressources pour faire face à ça.”
Ce n’est pas du « positivisme forcé ».
C’est ce que la psychologie positive appelle le miroir des forces (Seligman, 2002).
On tend à la personne une image d’elle solide, capable, à un moment où elle ne la voit plus elle-même.
Les recherches sur le sentiment d’efficacité personnelle (Bandura, 1977) montrent que cette croyance en ses propres capacités est l’un des moteurs psychologiques les plus puissants pour traverser l’adversité.
Mais attention :
➡️ Cette phrase ne marche que si l’étape 1 a eu lieu.
Sinon, elle sonne creux. Voire culpabilisante.
A nouveau, imaginez… Vous n’allez pas bien. Et la première chose qu’on vous dit c’est « je sais que tu vas rebondir ! Je ne m’inquiète pas pour toi ».
Ça vous fait quoi ?
Perso, ça m’est arrivé d’entendre ce genre de phrase. Et, à chaque fois, j’avais envie de ne renfermer dans ma coquille.
3. « Et si tu penses que je peux t’être utile, je suis là. »
Enfin, on propose son aide, sans imposer, sans envahir.
“Je suis là, si tu penses que je peux être utile. ”
Pourquoi cette phrase est-elle si précieuse ?
Parce qu’elle respecte l’autonomie de l’autre.
Les études en théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 1985) montrent que pour se sentir soutenu·e, une personne a besoin de se sentir libre de choisir, pas prise en charge sans consentement.
On évite ainsi le piège du « sauveur », qui fait peser une pression supplémentaire au lieu de créer de la sécurité.
Résumé : 3 étapes simples mais puissantes
- Je reconnais ce que tu vis.
- Je crois en ta capacité à traverser.
- Je suis là, si tu en ressens le besoin.
Dans cet ordre-là.
Testez sur vous
Avant d’appliquer cette méthode aux autres, un petit conseil : testez-la sur vous.
Repensez à une période où vous n’alliez pas bien.
Imaginez quelqu’un qui vous aurait dit :
“Je comprends que tu souffres.”
“Je crois que tu peux traverser ça.”
“Et si tu veux du soutien, je suis là.”
Comment ça aurait résonné ?
Comment vous vous seriez senti·e ?
Souvent, ce qu’on aimerait recevoir, c’est ce qu’il est bon d’offrir.
Et maintenant ?
Vous pouvez garder ces trois phrases dans un coin de votre tête.
Pas besoin d’être parfait·e, ni de tout réussir du premier coup.
Mais une présence sincère, un mot juste, ça peut déjà faire beaucoup.
Et parfois… c’est tout ce dont l’autre a besoin.


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