Une fois n’est pas coutume, je voudrais vous parler d’un film qui m’a touchée parce qu’il m’a fait réfléchir à la société dans laquelle nous vivons et que nous construisons pour nos enfants. Un film qui questionne aussi largement le sens de l’école et de ce que nous apprenons à nos enfants. Un film qu’il faudrait sans doute voir avec les plus grands d’entre eux. Ce film sort demain… Courez le voir !
« Ceux qui travaillent » est un long-métrage très (trop) réaliste sur la vie de cadre dans une multinationale et sur l’absurdité de notre société. Cadre supérieur dans une grande compagnie de fret maritime, Frank (Olivier Gourmet) consacre sa vie à son travail. Il gère des flottes de cargos qui sillonnent les océans. Son boulot : s’assurer que chacun arrive en temps et en heure à sa destination. Toute erreur, tout grain de sable dans les rouages se chiffre vite en plusieurs centaines de milliers de francs (suisses). Evidemment, il doit composer avec de multiples faits inattendus : météo, problèmes humains… Impossible de tout garder sous contrôle. Il doit donc sans arrêt arbitrer, prendre des décisions sous stress. Et ce qui doit arriver arrive : il prend une décision brutale qui lui apparait comme « la meilleure pour l’entreprise »… mais qui lui coûte son poste. Profondément ébranlé, il se sent trahi par le système auquel il a tout donné. Toute sa vie est détruite. Il est un inconnu dans sa famille, et a perdu ce sur quoi reposait sa vie : son travail.
Filmé avec virtuosité et magistralement joué par un Olivier Gourmet que l’on n’arrive pas totalement à détester, ce film met mal à l’aise. Il pose notamment la question de la place que nous laissons au travail prendre dans notre vie. Lorsqu’on construit toute sa vie autour du travail, lorsqu’il fait défaut (chômage ou même à la retraite), quel va être le sens de notre vie ? Ce film rappelle l’importance de garder plusieurs champs de passions à côté, de cultiver les relations, la famille, l’amour, les amis. D’où l’importance d’aider nos enfants à cultiver leurs passions à côté de l’école, à conserver plusieurs espaces dans leur vie. Pour que, lorsqu’un de ces espaces fait défaut, les autres puissent continuer à l’alimenter.
Ce film questionne surtout largement notre relation au système et à nos responsabilités individuelles. Est-ce le système qui nous impose nos choix ou bien sommes-nous chacun, via nos actes, responsables du système ? Frank, dans le film, prend une décision glaçante. Mais… on comprend que beaucoup d’autres autour de lui font des choix identiques. Et qu’en fait, c’est ainsi que fonctionne notre société contemporaine. L’entreprise dans laquelle travaille Frank est une société de logistique, une de celles qui achemine tous les produits que nous sommes amenés à consommer chaque jour. La décision que Frank prend, il la prend en fait pour nous, consommateurs, pour respecter les contraintes de temps et de coût du produit que nous allons acheter. Quand on prend le temps de réfléchir, on se dit bien que ce n’est pas normal de payer 1,5 euros un poisson pané. Si on devait payer un pêcheur pour qu’il nous ramène un poisson, ce poisson nous coûterait bien plus cher. Et, forcément, pour réduire à ce point les prix, il a bien fallu faire des compromis que, personnellement, on ne serait pas prêt à faire. Mais qu’on valide puisqu’on achète les produits à des prix trop bas pour être honnêtes. N’est-on pas donc nous-mêmes aussi complices ? Quand on est dans le supermarché, on ne voit rien de la manière dont les produits sont acheminés. On ne voit que le produit. Mais ce n’est pas parce qu’on ne voit pas que cela n’existe pas. N’est-ce pas aussi notre responsabilité que de faire des choix en conscience ? Une question que le film nous laisse réfléchir et qui fait écho à notre responsabilité sur le réchauffement climatique. Le système nous entraine-t-il sans que nous ayons le choix ? Ou bien valide-t-on tous ces choix par défaut et par paresse ?
A l’issue de ce film, je me dis qu’il est urgent de se poser la question de ce que nous apprenons à nos enfants, ou de ce que nous leur montrons comme modèle, nous, tous les soirs ou tous les week-ends. Que voulons-nous qu’ils deviennent ? Que voulons-nous qu’ils vivent ? Que voulons-nous qu’ils construisent comme société ?
Un film à voir et à débattre avec ses amis et en famille. Mais un film qui ne laisse pas indemne. C’est le premier film d’Antoine Russbach, et pas le dernier. Il est déjà en train d’écrire son prochain film. Un réalisateur à suivre…
A voir dès demain en salle en France.
By the way, je suis trop fière… parce que c’est un film que sort mon mari 🙂 Mais ca, c’est pour l’anecdote.
Nous n’allons pas au cinéma, ou très très peu, donc je n’irai sans doute pas le voir. Mais je dois dire que le sujet est intéressant, et tellement d’actualité, que j’espère qu’on pourra le voir sur petit écran plus tard. Et félicitations à Monsieur ! 😉
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Merci Solenne ! Ce film est effectivement de grande actualité, et, s’il pouvait permettre à un grand nombre de personnes de réfléchir et ralentir un peu, cela serait bon pour notre planète et notre humanité !
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