« 9/20, Mauvais. Vous n’avez pas travaillé. » « 15 fautes ». Vous rappelez-vous de l’effet que cela fait de recevoir ces notes et commentaires ?
L’école apprend… à redouter l’erreur et à la considérer comme un échec. Cécile Neuville, psychologue, auteure d’Apprendre à Lâcher Prise, ajoute que, en France, c’est une « une vision que l’on se transmet de génération en génération à tous les niveaux : les parents, les enseignants, les dirigeants d’entreprise… » Une vision dangereuse… car l’erreur est, au contraire, source d’apprentissage.
La notation fait naître la phobie de l’erreur
En France, l’école valorise ceux et celles qui suivent les règles et les consignes et sanctionnent les erreurs. De la petite école à l’université, les erreurs sont la base de la notation : chaque faute fait perdre des points. On développe la phobie de la petite faute.
Pour ne plus faire de fautes, on ne prend plus aucun risque. En français, on entre dans le moule, et on fait des rédactions convenues, sans y mettre de réflexions vraiment personnelles, pour répondre à ce que le professeur attend. En langue, on écrit des phrases sans aucun intérêt, dénuées de risques, du type : « We can see on the picture that the sky is blue ». Les professeurs sont contents : il n’y a pas d’erreur. Mais a-t-on vraiment construit des personnalités, des adultes riches ? Ou a-t-on construit des personnes paralysées à l’idée de prendre le moindre risque ?
Faire des erreurs fait grandir
On apprend grâce aux erreurs
L’enfant qui apprend à marcher, tombe, re-tombe et re-tombe encore. Ce sont ces différentes tentatives qui vont lui permettre de marcher in fine. Car en tombant ET en se relevant, ses muscles se renforcent, et il devient apte à la marche.
L’erreur est indispensable à notre évolution personnelle. C’est elle qui nous permet de nous adapter à notre environnement. En ce sens, elle nous rapproche donc de la réussite.
Ce sont les erreurs qui font progresser la société
De nombreuses inventions ont été découvertes par erreur comme les rayons X, les post-its ou encore la pâte à modeler. Christophe Colomb pensait arriver en Asie et il a découvert l’Amérique. Thomas Edison a expérimenté plus de 6000 matériaux avant de trouver celui qui allait lui permettre d’inventer l’une des premières ampoules. Les frères Wright ont subi de nombreux accidents avant de réussir leur premier vol en avion et il a fallu 5 127 prototypes à James Dyson avant de créer son aspirateur sans sac.
» Tout ce que les humains ont appris ne pouvait être que le produit d’une expérimentation empirique. Nous n’avons avancé qu’en commettant des erreurs. » écrit Buckminster Fuller, cité par Tim Robbins dans son livre « Pouvoir illimité« .
C’est quand ça ne marche pas qu’on se demande comment ça marche. Quand tout fonctionne, personne ne se pose de questions et donc personne ne progresse !
Il n’y a que des résultats
Et si on pensait différemment. Il n’y a pas de faute, d’erreur. Il n’y a que des résultats. C’est une idée développée par Anthony Robbins que je trouve vraiment intéressante.
Pour étayer cette affirmation, il raconte dans son livre l’histoire d’un homme qui :
- fit faillite à l’âge de 31 ans,
- fut battu aux élections législatives à 32 ans,
- fit à nouveau faillite à 34 ans,
- vit mourir sa petite amie à 35 ans,
- eut une dépression nerveuse à 36 ans,
- fut battu aux élections locales à 38 ans,
- fut battu aux élections au Congrès à 43 ans,
- fut battu aux élections au Congrès à 46 ans,
- fut battu aux élections au Congrès à 48 ans,
- fut battu aux élections au Sénat à 55 ans,
- ne put s’inscrire aux élections à la vice-présidence à 56 ans,
- fut battu aux élections au Sénat à 58 ans…
Défini ainsi, on dirait que cet homme un looser, non ? En y réfléchissant, c’est même la manière dont l’école nous définit. En creux, pas en pleins.
Car cet homme, c’était Abraham Lincoln. Il fut élu Président des Etats-Unis à 60 ans. « Aurait-il pu devenir président s’il avait considéré ses 23 défaites aux élections comme des échecs ? C’est peu probable. » commente Anthony Robbins. « Les vainqueurs, les chefs, les maîtres – les gens qui ont un pouvoir personnel – comprennent tous que, si l’on tente une action et que l’on n’obtient pas le résultat escompté, ce n’est qu’une réaction comme une autre. Ils utilisent cette information pour définir avec plus de précision ce qu’il est nécessaire de faire pour aboutir. »
L’échec est un passage transitoire qui te prépare pour ton prochain succès.
Denis Waitley
Le gouvernail
Arrêtons de parler d’erreurs, parlons donc de résultats. L’erreur est un jugement de valeur portée sur un fait. Mais un fait peut être regardé de multiples manières. Si je prends cette image en exemple :
Une personne qui serait à gauche dirait qu’elle voit un carré. Celle à droite, un rond. Et celle dessous un triangle. Et elles auraient toutes raison !
Pour rendre cette idée de « résultat » concrète, Anthony Robbins prend l’exemple du barreur devant son gouvernail. « Un navire continue toujours de virer après que le barreur ait ramené le gouvernail à sa position centrale. Celui qui barre doit donc contrebalancer la rotation du navire par une manoeuvre inverse afin que le navire conserve son cap, et cela indéfiniment, par une suite d’actions et de réactions, de réglages et de corrections. (…) Nous avons tendance à charger chaque erreur, chaque faute, d’un poids affectif, à en faire un échec, avec les conséquences néfastes que cela a sur nous. (…) Croire à l’échec est un moyen de s’empoisonner l’esprit. (…) L’échec n’existe pas. Il n’y a que des résultats. Si vous n’obtenez pas ce que vous escomptiez, il suffit de vous y prendre autrement et vous en obtiendrez d’autres.«
Lorsqu’on barre un bateau, on ne se dit pas que devoir donner un coup de barre est un échec, n’est-ce pas ? On doit s’adapter aux éléments pour garder le cap ? Et bien, il devrait en être de même avec les apprentissages. Un jour, on teste une chose. Ce n’est pas celle qu’on devait faire ? Et bien ce n’est pas grave, on testera autre chose !
Je trouve cette image de gouvernail hyper puissante : hyper concrète, visuelle et tellement parlante ! A chaque fois que vous parlez d’interro ou de notes avec vos enfants, je vous suggère de vous rappeler de cette image de barreur… Voire de l’expliquer à vos enfants.
A partager sans modération 🙂
Sur ce sujet, je trouve que la société évolue peu à peu et je me réjouis. Le collège de ma fille ne note pas, mais utilise des codes couleurs. L’école élémentaire de mon fils parle de « pas encore acquis », plutôt que « ne sait pas ».
Je crois que c’est à Nelson Mandela qu’on attribue la citation « je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ».
Et de mon côté, j’essaye, à 40 ans passés, d’intégrer l’idée que je ne suis pas ce que je fais, que mon moi ne se réduit pas à cela. Je ne suis pas mes échecs.
C’est un très long apprentissage pour la perfectionniste que je suis…
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