Réflexions et analyses

Enfants perfectionnistes : que faire ? (1/2)

Une épidémie de perfectionnisme chez les jeunes... Apparemment, aujourd'hui, près de 2 enfants et adolescents sur 5 seraient perfectionnistes. Quelles sont les pistes pour les aider à bien vivre avec la soif de perfection ?

Un article publié sur The Conversation m’a intriguée : les jeunes seraient de plus en plus perfectionnistes. La tendance se serait considérablement amplifiée au cours des vingt-cinq dernières années. En cause : la culture du « bonheur obligé », les réseaux sociaux où chacun étale une « vie parfaite », une vie « carte postale » qui poussent chacun à viser un idéal inaccessible; et surtout les parents, inquiets pour l’avenir de leurs enfants, qui recherchent l’idéal pour eux et à travers eux et deviennent de plus en plus exigeants avec leurs enfants.

Le phénomène serait inquiétant : « Près de deux enfants et adolescents sur cinq sont des perfectionnistes », déclare Katie Rasmussen, chercheuse en développement de l’enfant et en perfectionnisme à l’Université de West Virginia. « Nous commençons à en parler comme d’une épidémie et d’un problème de santé publique. » 

Car, poussé à l’extrême, le perfectionnisme devient une totale intolérance à l’imperfection chez soi et chez les autres, et peut devenir une source de souffrance et un facteur d’immobilisme. Pour éviter de risquer l’imperfection, les perfectionnistes deviennent, en effet, les rois de la procrastination…

Alors, comment aider nos enfants à ne prendre que le meilleur du perfectionnisme, et à en éviter les pièges ?

1/ Bon ou mauvais perfectionnisme ?

D’abord, tout n’est pas négatif dans le besoin de perfection. Il est bon d’être exigeant et de ne pas se contenter d’un travail bâclé.

Comment distinguer un enfant consciencieux d’un enfant perfectionniste ? Un enfant consciencieux est persévérant. Il sait doser ses efforts et reste flexible pour s’ajuster au contexte. Il éprouve de la satisfaction dans la réalisation. 

Le perfectionniste, au contraire, se fixe des standards d’excellence très élevés difficilement atteignables : il est donc continuellement insatisfait. Moins flexible, il accorde aux détails une très grande importance et ne limite pas ses efforts. Il se juge souvent très sévèrement car sa valorisation personnelle passe principalement par ses succès et ses réussites.

Alors, si votre enfant commence plusieurs projets et les arrête au fur et à mesure, si pour lui « c’est tout ou rien », s’il est critique envers les autres, si viser la perfection signifie pour lui du labeur et aucun plaisir, s’il ne réussit pas à se satisfaire de ce qu’il a accompli… Oui, chez lui, le perfectionnisme va trop loin.

Voici un petit test pour évaluer le perfectionnisme (chez vous ou chez votre enfant :–) :https://form.jotform.com/83016540215244 

2/ Valider le besoin de perfection

La première chose dont un perfectionniste a besoin, est de se sentir compris dans son besoin de perfection. Cela ne veut pas dire l’encourager à aller plus loin. Non, juste reconnaître que c’est un besoin chez lui. Sans cela, il n’est même pas possible de communiquer avec lui ou de tenter toute autre méthode.

Par exemple, votre enfant est très déçu par un dessin de dinosaure qui n’est selon lui, pas assez réaliste. Vous pouvez lui dire : « C’était important pour toi que ce dessin soit parfait. Tu as essayé et tu as le sentiment de ne pas avoir atteint ce que tu cherchais. Tu es très déçu et tu as peur de ne jamais réussir. »

Il est important de ne pas juger. Il s’agit juste d’identifier ce besoin de perfection, le verbaliser, et identifier le sentiment que cela lui a généré chez lui. Pour aller plus loin, lisez cet excellent article du site apprendre à éduquer.

3/ Mettre en évidence ce qu’il fait de bien

Le perfectionniste est systématiquement insatisfait. Pour lui « c’est tout ou rien ». Si le travail n’est pas parfait, alors rien n’est bon. Montrez-lui que ce n’est pas le cas. Comme vous êtes émotionnellement moins impliqué que votre enfant dans son travail, vous pouvez mieux identifier que lui ce qu’il a bien fait, et surtout, là où il s’est amélioré par rapport à la fois passée pour mettre ses progrès en lumière en exergue.

« Mais regarde, tu as beaucoup mieux réalisé la tête que la dernière fois. La prochaine fois tu pourras donc encore faire mieux. »

4/ Faire prendre du recul

Identifiez avec lui pourquoi il veut que ce soit parfait : est-ce pour lui ? est-ce pour les autres ? Est-ce son regard à lui qui importe dans le jugement de « c’est parfait » ou bien est-ce les attentes de autres qu’il estime à ce niveau ? Déterminer avec lui pourquoi atteindre ce niveau est important pour lui. 

Aidez-le à relativiser, en lui démontrant que son niveau d’exigence n’est pas le même dans tous les domaines. Et que, parfois, son niveau d’exigence demande peut-être beaucoup d’effort pour une « surqualité » non visible et valorisée par les autres. Par exemple, proposez-lui un exemple dans lequel vous exagérez la demande de perfection « et si je te demandais que tous tes livres soient classés par ordre alphabétique, qu’en penserais-tu ? » Vous lui permettrez ainsi de prendre conscience que c’est relatif, qu’on peut avoir des niveaux d’exigence chacun différents dans des domaines variés, et que cela peut paraitre surprenant à d’autres notre propre niveau d’exigence. Cela va lui permettre aussi d’être plus ouvert à la différence.

Vous pouvez aussi regarder cette petite vidéo avec lui. Avec l’humour, c’est souvent plus facile de relativiser.

Apprenez à votre enfant à établir des hiérarchies, pour différencier les activités auxquelles le perfectionnisme va apporter quelque chose, des activités pour lesquelles il n’est pas nécessaire.

5/ Montrer son amour et son soutien

Il faut qu’il comprenne que vous avez confiance en ses capacités plutôt qu’en ses résultats. Pourquoi ? Parce que, souvent, les enfants pensent qu’il faut de très bons résultats pour être aimés par leurs parents. En fait, il faut leur montrer que ce qui nous intéresse en tant que parents, c’est l’effort, leur capacité à résoudre les problèmes plutôt que les résultats en eux-mêmes.

6/ Accepter qu’il est « en apprentissage »

Identifiez avec lui ce qu’est un niveau parfait. A-t-il en tête une personne qui a déjà réussi à atteindre cette perfection ? A-t-il quel des rôles modèles ? C’est intéressant car vous pouvez étudier avec lui en combien de temps ces personnes ont-elles atteint ce niveau. Essayez de lire leur histoire, voire de les rencontrer. Faites-lui accepter qu’il faudra plusieurs essais pour atteindre le niveau qu’il s’est fixé.

J’adore cette histoire que j’ai lue dans un super livre que je vous recommande : « Mieux organiser sa vie« 

« Hokusai était un peintre très célèbre au Japon. Un jour, l’empereur décide de lui passer une commande. Il le fait venir dans son palais, lui remet une bourse d’or, et lui demande de lui dessiner une mouette, une simple mouette.

Un an passe, l’empereur sans aucune nouvelle de sa mouette, se dit que pour Hokusai qui est vraiment un artiste exceptionnel, la bourse d’or était peut-être insuffisante, il lui en fait donc parvenir une deuxième. La seconde année, ne voyant toujours rien venir, il se dit qu’il a peut-être eu tort de convoquer Hokusai comme n’importe lequel de ses sujets. Un artiste aussi exceptionnel vaut peut-être une visite exceptionnelle.

L’empereur se rend donc en grande pompe chez Hokusai et celui-ci le reçoit dans son atelier. Après force politesses réciproques, l’empereur demande : « Alors Hokusai, et cette mouette ? » Hokusai prend alors un parchemin et d’un simple trait de fusain rapide, exécute le dessin ! Réaction de l’empereur un peu interloqué : « Comment Hokusai ! Tu as pris deux ans et reçu deux bourses pour ce seul instant ? » Alors Hokusai, sans rien dire, lève un rideau masquant le reste de son atelier. Derrière le rideau, l’empereur découvre alors dis mille dessins de mouettes.

Si la réussite est dans l’instant, la réponse instantanée vient toujours d’une longue préparation. Elle est le fruit d’un minutieux travail ! »

La suite de cet article ici : enfants perfectionnistes : que faire 2/2

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À propos Valérie

Je m’appelle Valérie, je suis mariée, mère de 3 enfants, et entrepreneure. J’ai co-fondé WeNow, une start-up qui vise à réduire l’impact des déplacements en voiture sur la planète. Pour en savoir plus sur cette aventure : wwww.wenow.com Multi-passionnée, je m’intéresse en particulier à la pédagogie, au développement personnel et à tout ce qui touche aux sciences comportementales ou aux travaux sur le cerveau. Fin novembre 2018, j’ai suivi le forum « Wake up, ou comment arrêter de vivre sa vie à moitié endormie ». J’ai décidé que je voulais vivre une année extraordinaire. Pour cela, je pose des actes à la hauteur de mes ambitions, pour être « le changement que je veux voir dans le monde » comme le suggérait Gandhi.

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