Ce petit changement a été une révélation pour moi 🙂
Je me suis souvent excusée.
- Lorsque j’étais en retard.
- Lorsque j’avais blessé quelqu’un (ou parce que j’avais l’impression de l’avoir blessé).
- Lorsque j’avais fait une erreur…
Je m’excusais parce que je trouvais cela poli.
Parce que je ne supportais pas autour de moi tous ceux qui faisaient comme si de rien n’était.
Je les trouvais grossiers, peu attentifs aux autres.
Et puis j’ai découvert la formulation « merci ».
Il s’agit de transformer une excuse en remerciement pour ce que l’autre a fait.
Par exemple, au lieu de dire
- « Désolée pour mon retard », on peut dire « Merci d’avoir patienté »
- « Désolée de te déranger », on peut dire « Merci de ton temps et de ton aide ».
- « Désolée de me comporter ainsi », on peut dire « Merci de m’accepter comme je suis ».
En transformant ainsi sa phrase, on change son impact :
- au lieu de culpabiliser (et de se mettre dans une position de dépendance à l’autre – attendre son pardon), on valorise son interlocuteur.
- au lieu de mettre l’accent sur du négatif (ce qu’on n’a pas fait ou mal fait), on valorise du positif. Dans la tête de son interlocuteur (et dans la sienne), on met donc l’accent sur un sujet positif, ce qui facilite les échanges.
Parce que le cerveau ne comprend pas la négation.
Si je vous dis « Ne pensez pas à un éléphant rose », à quoi pensez-vous ? 😉
D’ailleurs, vous l’avez sans doute déjà entendu. Il est préférable de dire à un enfant « marche doucement » plutôt que « ne cours pas ». La négation n’étant pas retenue par leur cerveau, ils entendent et retiennent le mot « courir » … et se mettent à courir.
Et bien « désolé » fonctionne sur le même principe.
On retient l’erreur plutôt que la demande de pardon.
J’ai trouvé donc ce conseil brillant et j’ai essayé de passer du « désolé » au « merci ».
Bon, en fait, dans la pratique, c’est un poil complexe à adopter.
Comme cela ne m’a pas été facile non plus de passer d’un « ne cours pas » à « marche doucement » avec ses enfants…
Pourquoi ?
J’ai essayé de réfléchir à ce qui rend complexe cette nouvelle façon de faire.
- Parce qu’il est plus facile de rester centré sur soi.
Quand on dit « désolé » ou « ne cours pas », on pense surtout à ce qui nous concerne. On ne se met pas dans la peau de l’autre.
Passer à l’autre formulation demande un effort de changement de point de vue.
- Parce que notre cerveau est programmé pour voir en priorité le négatif.
Ca, c’est un héritage de la préhistoire.
Notre cerveau a pour mission de nous protéger.
Et il est donc bien plus utile qu’il repère tous les dangers qui nous guettent – pour nous permettre de nous en prémunir – que de voir le côté positif des choses.
Il est donc câblé pour voir (et grossir) tout ce qui ne va pas…
- Et enfin, à cause du poids des habitudes
Là, on revient à un thème qui m’est cher : comment changer ?
On dit souvent « chassez le naturel et il revient au galop ».
C’est tellement vrai.
Souvent, on dit ces phrases par réflexe.
Parce qu’on a appris, dans son enfance qu’être poli passe par demander pardon.
Et changer ce réflexe très ancré n’est pas simple.
D’ailleurs, il serait sans doute intéressant d’apprendre assez tôt à nos enfants à dire merci au lieu de demander pardon…
Comment sortir de cette boucle réflexe ?
Voilà la technique que j’ai essayée.
Dites-moi si cela marche pour vous 🙂
1/ je prends conscience de mes réflexes de formulation SANS ME JUGER. Je ne suis là que pour observer. Cette première étape peut prendre autant de temps qu’on veut.
2/ je réfléchis, a posteriori, à la manière dont j’aurais pu remplacer la phrase que j’ai dite ou aux phrases qui reviennent souvent. Je réfléchis en quoi je peux avoir de la gratitude pour l’autre dans la situation.
3/ je me reprends en pleine conversation. Dès que j’entends « je suis désolée… » sortir de ma bouche (en général, c’est automatique, ca sort tout seul), je reprends calmement « merci ». Je n’ai pas forcément la suite qui me vient, mais c’est pas grave
Et ainsi de suite.
Au fur et à mesure, cela devient plus facile pour moi, sur les phrases que je répète souvent.
J’arrive de plus en plus à anticiper ce que je vais dire, et je le transforme AVANT de l’exprimer.
Je n’y suis pas tout à fait… mais en bonne voie 🤪
Et le plus intéressant dans tout cela, c’est qu’on apprend ainsi à être indulgents avec nous-mêmes, ce qui nous rend aussi indulgents avec les autres.
J’ai bien apprécié votre analyse. Je devais répondre à un message écrit avec discernement et je cherchais justement comment remplacer « Désolé ». Ça m’a débloquée aussitôt, le reste de mon message a coulé plus facilement et avec justesse. Un grand Merci !
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Merci pour ce témoignage !
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