Avez-vous déjà entendu parler de « l’effet smartphone » ?
D’après une étude américaine de 2017, la simple présence d’un smartphone (même éteint ou silencieux) nous empêche de nous concentrer vraiment ou d’être vraiment présent.
Et plus le smartphone est visible, plus on est déconcentré.
L’expérience scientifique sur les smartphones
Les chercheurs ont fait deux tests avec environ 800 personnes.
Expérience 1
On a proposé aux personnes de réaliser des épreuves dans une salle.
Mais, auparavant, on leur a demandé de mettre leur smartphone en mode « avion », et :
👉 le premier groupe devait garder leur téléphone à portée de vue mais face contre le bureau;
👉 le second groupe devait le mettre hors de portée de vue (dans leur sac ou dans leur poche);
👉 le dernier groupe devait laisser le smartphone dans une autre salle.
On leur a fait passer des tests qui demandaient de la concentration, et, à la fin du test, on leur a posé quelques questions pour savoir s’ils avaient pensé ou non à leur téléphone.
Les 3/4 des participants (76 %) ont déclaré ne pas avoir pensé à leur téléphone pendant la durée du test. Et pourtant : moins le téléphone était visible, meilleurs les résultats ont été. les participants dont le téléphone était placé dans une autre pièce obtenaient de meilleurs résultats que les autres. Ils faisaient mieux que ceux ayant leur téléphone dans leurs poches !

Pour les scientifiques, le simple fait de ne pas penser au téléphone utilise un peu de vos ressources cognitives.
Ils ont voulu voir si éteindre totalement le téléphone pouvait changer la donne. Ils ont donc mené une deuxième expérience.
Expérience 2
Cette expérience a été construite sur le même schéma que la première.
Mais certains participants devaient d’abord éteindre totalement leur téléphone. Et ceux qui avaient leur téléphone sur le bureau devaient, cette fois, le mettre face visible.
Mêmes résultats que la première fois et aucune différence dans les résultats entre ceux qui avaient mis son téléphone sur avion et ceux qui l’avaient totalement éteint. Le fait d’avoir mis le téléphone face visible n’a pas eu d’incidence non plus.
Ils ont également essayé de voir si les personnes qui se disaient les plus « accros » à leur téléphone avaient des résultats différents. Réponse : oui, plus le téléphone était visible ou proche d’eux, plus cela avait un effet. Ironiquement, donc, plus les personnes dépendent de leurs smartphones, plus ils semblent souffrir de leur présence.
La simple présence d’un smartphone restreint nos capacités cognitives
Les scientifiques estiment que la simple présence des smartphones utilise une partie de notre attention, qui est normalement nécessaire à d’autres processus tels que l’apprentissage, le raisonnement logique, la pensée abstraite, la résolution de problèmes et la créativité.
L’explication que les scientifiques donnent à ce phénomène serait que notre cerveau resterait hyper-vigilant à nos dépens. Sans que nous en soyons conscient, il tenterait de surveiller s’il n’y a pas quand même des informations potentiellement importantes qu’on risquerait de louper (un message, un appel…). Cette hyper-vigilance explique d’ailleurs un phénomène relativement courant : « la vibration fantôme ». 89 % des utilisateurs de smartphone auraient déjà eu l’impression leur smartphone vibre alors qu’il ne vibre pas. Un phénomène qui s’amplifierait plus on est accro à son smartphone…
Ce qu’expliquent les scientifiques, c’est un peu comme si le cerveau utilisait une partie de ses ressources pour monter la garde.
C’est comme s’il se disait : « si il (ou elle) a mis son téléphone en mode silencieux, c’est pour ne pas être dérangé. Donc, si jamais il y a une notification, je dois l’empêcher de perturber la concentration. » Le cerveau va donc consacrer une partie de ses ressources à surveiller ces signaux et tenter d’empêcher ces stimuli d’interrompre l’attention consciente. Et cela jusqu’à ce que ces signaux apparaissent. Et cela, même s’il n’y a pas de notification parce qu’il est éteint ou en mode avion…
Pfiou ! Fatigant !
La simple présence de son smartphone dans une pièce a donc le potentiel d’influencer notre bien-être dans tout plein de contextes comme le travail ou l’école, bien sûr, mais aussi lorsqu’on est dans ses loisirs : lorsqu’on regarde des films, dîne avec des amis, assiste à des concerts, joue à des jeux, reçoit des massages, lit des livres, et plus encore.
Et comme, en plus, la majorité d’entre nous se sent « tout nu » sans son smartphone, on a tendance à le garder à proximité. Et, comme on l’a vu, plus il est visible, plus il nous impacte…
Comment se déconnecter ?
On l’a vu dans l’étude ci-dessus, ca ne sert pas à grand-chose de le mettre en mode avion, de l’éteindre si on le voit ou si on sait qu’il est là.
Le mieux, c’est vraiment de le mettre dans une autre pièce.
Alors, attention. Certaines recherches antérieures montrent que le fait d’être séparé de son téléphone peut aussi nuire à la performance en augmentant l’anxiété. Mais c’est le cas si on est séparé de « manière inattendue » de son téléphone ou si on l’entend sonner sans pouvoir y répondre
Le mieux, c’est donc de programmer de vraies plages pendant lesquelles on met son téléphone ailleurs, et pendant lesquelles on sait qu’on ne va pas recevoir d’appel ou de message (par exemple parce qu’on a prévenu les autres de notre fonctionnement).
Plus les personnes dépendent de leurs smartphones, plus elles peuvent bénéficier de leur absence.
Si vous voulez avoir de vraies conversations, mettez les téléphones ailleurs. !
Finissons ce post avec une dernière petite expérience : on fait se rencontrer deux par deux des gens qui ne se sont jamais rencontrés.
👉 pour les binômes du premier groupe, un smartphone est visible sur la table
👉 pour les binômes du second groupe, un ordinateur portable remplace le smartphone.
A votre avis, quel est le groupe où les échanges furent de meilleure qualité ? Le groupe avec l’ordinateur !
La simple présence d’un smartphone a réduit la qualité des échanges du premier groupe.
Ca fait peur, non ?😱
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Pour aller plus loin :
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