Les biais cognitifs, vous en avez déjà entendu parler ?
Ce sont tous ces fonctionnements automatiques de notre cerveau, qui, pour aller plus vite, éviter trop de dépense en énergie, prend des raccourcis… qui ne sont pas toujours justes.
Sans ces raccourcis, franchement, on ne pourrait pas fonctionner. Imaginez qu’on doive se poser des milliards de questions avant de poser le pied par terre pour marcher…
Quand ces raccourcis risquent de nous amener à une vision déformée de la réalité, on appelle ca un « biais cognitif« .
Ces biais, les chercheurs en ont trouvé des centaines. 250 biais ont été recensés et classés.
Le biais de négativité : notre cerveau nous protège
L’un des plus connus est le « biais de négativité« .
C’est ce qui fait qu’on est davantage marqué par les expériences négatives que par les positives.
N’avez-vous pas remarqué qu’il est plus facile de voir ce qui ne va pas que ce qui va ?
Christine Lewicki, dans son livre « 21 jours pour arrêter de râler« , raconte une petite histoire qui pourrait nous arriver à tous :
Un jour, elle rentre à la maison, et voit un plastique par terre. Son premier réflexe est de râler contre celui qui ne range rien et ne met même pas ce plastique à la poubelle. Elle le ramasse, en pestant, et se relève. Et là, elle se rend compte qu’il y a un magnifique bouquet de fleurs dans un vase : son mari lui avait ramené des fleurs. Mais son premier instinct avait été de râler contre ce morceau de plastique par terre…
J’avoue, ce type de situation où je vois ce qui n’a pas été bien fait et pas ce qui a été bien fait m’arrive hyper fréquemment. 😱
C’est ca, le biais de négativité.
C’est d’ailleurs ce qui fait que nous avons plus tendance à parler des trains qui arrivent en retard que de ceux qui arrivent à l’heure et que les réseaux sociaux débordent de commentaires négatifs….
Pas cool ?
N’allez pas croire que notre cerveau fait cela pour nous jouer des tours…
Non, c’est véritablement utile.
En fait, notre cerveau consomme beaucoup d’énergie. A chaque fois qu’il doit analyser une situation, prendre des décisions, cela lui coûte beaucoup d’énergie. Et il risque de ne pas pouvoir faire plusieurs choses en même temps. Donc il préfère garder le plus de bande passante possible pour ce qui en vaut la peine.
Donc, dès qu’une situation est jugée « sans danger » ou « normale » pour lui, il ne la considère pas pour pouvoir se concentrer sur tout ce qui pourrait être un danger ou un problème.
Le truc, c’est qu’avec ce process, on s’habitue trèèèèèès vite à ce qui se passe bien.
On vient d’avoir une augmentation au travail ? On s’y habitue en moins de 2 mois…
Chercher à voir consciemment en « positif »
Pour éviter de s’habituer trop vite, il est donc nécessaire de, consciemment, se rappeler tout ce qui nous fait plaisir au quotidien, tout ce qui se passe bien. C’est le principe des 3 kifs par jour. Ca doit être une démarche volontaire, pour essayer de contre-balancer le focus négatif de notre cerveau.
J’en entends d’ici qui vont me dire : voir le côté positif des choses, ca fait un peu « bisounours ».
C’est d’ailleurs une tendance très française que de critiquer. On a l’impression que voir le côté positif des choses est l’apanage des naïfs. Et que, pour paraître intelligent, il est important de critiquer.
En fait, travailler à voir consciemment les choses de manière positif, c’est « juste » essayer de rétablir la proportion normale de positif et négatif dans la vie : en gros du 50/50. Mais comme notre cerveau est branché sans arrêt sur la fréquence « négatif », il faut apporter beaucouuuuuup de positif pour arriver à 50/50. Et ca ne peut que être une démarche consciente.
Utiliser le biais de négativité
Ce biais de négativité, on peut l’utiliser.
Et cela peut devenir un vrai super-pouvoir, dans la résolution de problèmes, par exemple.
On l’a vu, on a beaucoup plus de facilité à voir ce qui ne va pas que ce qui va.
Et bien, si on est face à un problème, il va nous être assez difficile de trouver comment le résoudre.
En revanche, il nous sera assez facile de voir comment l’empirer.🤪
Vous me voyez venir ? 😇
On peut utiliser le biais de négativité pour réfléchir.
Puisque notre cerveau ne coopère pas facilement sur un mode positif, passons en mode négatif…
… et ensuite retournons les arguments en miroir !
Au lieu de se demander : « Comment résout-on ce problème? », on peut se poser la question suivante : « Comment pourrais-je créer ce problème ? ». Et, ensuite, on n’a qu’à inverser tous les éléments qu’on va trouver, en miroir, pour trouver des solutions pour résoudre le problème.
Autre exemple, au lieu de se demander « Comment faire pour atteindre ce résultat ? », don peut se demander « Comment faire pour rater ce résultat avec certitude ? Que dois-je faire précisément pour que le projet échoue avec certitude ? »
Surprenant, non ? Et pourtant d’une efficacité redoutable : cela permet de trouver des solutions plus précises, plus efficaces que si nous essayions avec une méthode classique.
Cette technique s’appelle le « reverse thinking« . C’est une technique utilisée en marketing et en publicité pour trouver des idées créatives. Mais c’est aussi une technique de résolution de problème hyper efficace.
Pourquoi le reverse thinking fonctionne ?
Pour deux raisons essentiellement :
- parce que cela permet de s’appuyer sur le fonctionnement « natif » de notre cerveau, qui est plus habile à détecter tout ce qui ne va pas
- parce que cela permet de s’amuser, de trouver de la légèreté. Et, face à un problème, s’amuser permet de trouver de meilleures solutions.
Comment faire du reverse-thinking ?
- Identifier clairement le problème, le risque à éviter ou le challenge à atteindre
- Inverser la question en se demandant : « Comment pourrais-je causer ce problème ? » ou « Comment pourrais-je échouer à relever le défi ? »
- Lancer la réflexion. Plongez-vous vraiment dans l’exercice en acceptant que c’est un jeu.
- ensuite, inverser les idées et les convertir en solutions
- Evaluer et classer les solutions ainsi obtenues.
Pour aller plus loin : écoutez Clotilde Dusoulier. Elle explique dans ce podcast comment elle utilise cette méthode pour préparer une prise de parole en public.
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