Astuces à tester Réflexions et analyses

Ce que nous savons – ou croyons savoir – nous joue des tours au quotidien

Comment lutter contre nos représentations erronées ?

Je viens de me prendre deux énormes claques cette semaine :

✅ l’une concerne ce que je pensais de l’écriture inclusive

✅ l’autre concerne ce que je pensais de la matière “français”.

Et cela m’a amenée à réfléchir à toutes ces fois où je pensais fermement quelque chose et que je m’étais trompée. Notamment dans les relations avec les autres.

J’ai donc eu envie de vous partager ces réflexions

(en vrai, ca me permet aussi de mieux les ordonner dans ma tête 🤪)

Notre cerveau va (trop) vite

Notre cerveau est un organe vraiment impressionnant. Il suffit de pas grand chose pour qu’il anticipe et se fasse une représentation de la réalité.

  • le début d’une phrase et hop ! il imagine la fin : vous n’avez jamais terminé les phrases de vos interlocuteurs à leur place ?
  • une image et hop ! il imagine le reste de la scène

Le truc c’est qu’il peut… se planter.

Mais ca va tellement vite qu’on ne s’en rend pas compte

Cela amène des choses du type :

  • on évite certains sujets dont on a une mauvaise opinion – genre moi, avec l’écriture inclusive parce que c’est moche et c’est illisible
  • on n’arrive pas à progresser dans certaines matières à l’école parce qu’on se dit que c’est pas pour nous, que c’est trop dur et qu’on n’a pas les compétences – genre les cours de français pour mon fils.
  • on s’énerve parce qu’on a une lecture trop rapide d’une situation – combien de fois ai-je vu rouge sur des situations, pensant que mon interlocuteur m’en voulait (il ne me répond pas) ou qu’il m’agressait (tu as vu comment il m’a parlé ??)

Donc on a des opinions établies qui peuvent nous jouer des tours.

Comment se défaire d’opinions préétablies qui s’avèrent fausses ?

S’en défaire, pas facile…

D’abord parce que si on a des opinions préétablies c’est qu’elles nous ont été utiles et qu’elles sont peut-être vraies pour plusieurs situations similaires.

Ensuite, parce que si nous devions toujours tout questionner de ce qu’on sait, on ne s’en sortirait pas. 🤪

Je pense donc qu’on aura toujours des préjugés, des opinions préétablies et, elles s’avéreront fausses dans certaines situations.

En plus, les réseaux sociaux avec leurs algorithmes encouragent à conserver nos opinions. Si les algorithmes s’aperçoivent qu’on aime telle ou telle information, ils vont nous en présenter encore plus. De telle sorte, qu’à la fin, on ait l’impression que c’est l’opinion vraiment générale. Et c’est terrible !

Donc, OK, il va falloir vivre avec des erreurs, des fausses représentations. Nous sommes humains, terriblement humains !

On ne peut rien faire contre ? 😱

S’entraîner à voir autrement

Et bien si ! L’esprit critique, ca s’entraîne !

Le but n’est pas de changer totalement ses représentations mais d’introduire – avant notre réaction – un petit espace – oh, un tout petit espace de quelques millisecondes – de doute, où on se pose la question de “ce que je pense est-il vrai ?”.

Cet espace est très difficile à obtenir. A nouveau parce que tous les phénomènes se passent ultra rapidement dans ma tête.

J’appelle quelqu’un pour lui poser une question qui est importante et urgente pour moi > La personne me raccroche au nez > je pense qu’elle filtre mes appels > je vois rouge, je lui laisse un message et l’incendie…

Peut-être qu’elle était juste en train de parler à quelqu’un et qu’elle va vous aurait répondu quelques instants plus tard. Mais bon, avec le message, pas sûr…

Alors que si j’avais la possibilité de différer de quelques millisecondes ma réaction, cela me permettrait de me poser la question :”est ce que ce que je pense est la réalité ou une interprétation ? Est ce qu’il pourrait y avoir d’autres représentations possibles ?”.

Dans ce cas, peut-être que je pourrais me dire, “je ne sais pas vraiment quelle est la raison qui fait que la personne me raccroche au nez, je réagis prudemment…”

En vrai, ce petit espace va venir après beaucoup d’entraînement.

Ca va souvent commencer par la prise de conscience, longtemps après coup, de notre erreur de jugement (soit parce qu’on a eu une explication – musclée ? – avec la personne elle-même, soit parce qu’on en a discuté avec une autre personne qui, extérieure à la situation, vous en donne une autre lecture.

Puis, on va progressivement être capable de voir ca juste après notre réaction, jusqu’à arriver à avoir ce petit instant de temps suspendu juste avant notre réaction.

Et au début, ce sera une minuscule fissure, puis au fil du temps l’espace va s’agrandir pour nous laisser maitre de nos choix.

Mais pour arriver à toutes ces étapes, cela nécessite plusieurs choses.

J’ai essayé de lister ce qui m’aide, moi :

  • Rester curieux : la curiosité, c’est la capacité de différer son jugement ou de s’intéresser vraiment, profondément à des choses qui nous semblent surprenantes. Michel Serres disait d’ailleurs qu’entretenir la curiosité toute sa vie permettait de ralentir le vieillissement. Pour développer cette curiosité, il suggérait de faire tous les jours un petit truc qui nous parait difficile (lire ses livres disait-il malicieusement 🤩). Si ca vous intéresse, vous pouvez lire ici Rester jeune : le secret peu connu de Michel Serres
  • Repérer nos “oui, mais” : “oui, mais” est un bon indicateur qu’on a une certitude et une forme de blocahe à une autre idée. Dire « oui, mais » révèle notre peur de changer
  • Lire, écouter, discuter avec des personnes qui ont des points de vue contraires en cherchant surtout à comprendre leur point de vue : c’est souvent passionnant d’écouter les arguments des personnes qui ne pensent pas comme nous. Alors, je vous l’accorde, des personnes qui ne cherchent pas à tout prix à vous convaincre. parce que c’est insupportable, et ca nous met illico en position défensive. Mais des personnes qui expriment tout simplement leur point de vue, comment ils en sont arrivés à penser ca. Ca fait des conversations profondes. J’en ai eu l’expérience avec ma collègue Aude : c’est vraiment génial quand tout le monde s’écoute et raconte vraiment son point de vue, sans s’appuyer sur des généralités.
  • Écouter ou lire plusieurs personnes différentes : ce ne sont pas les mêmes arguments qui nous touchent chacun. Et, peut-être la manière d’expliquer d’une personne ne vous convaincra pas, mais celle d’une autre oui.
  • Accepter que cela prend du temps : changer de point de vue prend du temps, et se nourrit de plusieurs choses, plusieurs étapes. A titre d’exemple, pendant très longtemps aller au bureau en vélo était tout bonnement impossible : trop dangereux, trop long, trop fatigant. Et maintenant je le fais (pas tout le temps mais je réussis à le faire). Ca a pris du temps et plein d’étapes que je raconte dans ce post linkedIn passer de la voiture au vélo : pas facile
  • Penser à toujours dire “je” : on peut être tenté de généraliser. Mais nos opinions nous appartiennent. Prendre l’habitude de dire “je pense” ou “j’ai lu dans tel article” permet de garder de la distance avec les informations, et donc de s’habituer à se dire que peut-être, ce n’est pas juste… D’ailleurs, les choses sont rarement noires ou blanches dans la vie…
  • Avoir toujours en tête qu’il y a plusieurs interprétations : on le sait, on l’a déjà vécu, notre interprétation d’une situation peut ne pas être la bonne. Même si notre biais de confirmation nous a souvent montré qu’on avait raison… Alors même si on n’arrive pas à trouver une autre représentation de la situation, quand on veut réagir, le faire de manière à être fier/fière de soi après. C’est encore ma collègue Aude qui me dit qu’elle essaye de faire comme ca. Choisir toujours l’option de réaction avec laquelle elle sera fière après (même si elle n’est absolument pas d’accord sur le moment). Cela coûte (et je pense qu’il faut être ceinture noire en maîtrise de soi ou pas loin de la sagesse absolue), mais ca peut être un comportement intéressant à avoir en tête !

Et comment faire voir aux autres qu’ils se trompent ?

Là où on voit le plus facilement les erreurs de représentation, c’est chez les autres ! Parce qu’on n’est pas aveuglé par la situation, parce qu’on regarde les choses de manière froide ou simplement parce qu’on a fait un chemin sur le sujet (on se trompe d’ailleurs peut-être encore).

A ce propos, j’avais un exemple hyper parlant à vous partager 👇. L’exemple du français. Vous vous souvenez que je vous parlais en intro de deux claques que j’avais reçues cette semaine ? (j’en vois au fond qui ont l’air de suivre, ouf, ca fait du bien !)

Je détestais le français quand j’étais à l’école. En particulier tout ce qui était commentaire composé, dissertation… J’avais l’impression que tout cela n’était qu’arbitraire, qu’il n’y avait pas de méthode, que certains avait “l’intuition innée” de ce qu’il fallait dire, d’autres pas. Bref, je me sentais nulle et je n’aimais pas la matière.

Et cela m’a poursuivi longtemps : j’étais sure que je ne savais pas écrire, et, à chaque fois que je devais rédiger ne serait-ce qu’un mail, je suais à grosse gouttes et restait paralysée devant mon écran. Jusqu’à ce que je décide d’accepter un défi – qui me paraissait le plus grand défi du monde : un poste à la communication ou je devais rédiger une newsletter pour tous les collaborateurs du groupe Total ! 150 000 personnes allaient voir que j’étais vraiment nulle.

Je vous passe les affres de souffrance et mon immense complexe en face des mes collaboratrices qui, elles, étaient issues de sciences po ou de normale sup 😱

J’ai du apprendre que oui, je n’écrivais comme elle. Oui, j’avais un style plus direct, plus court, plus oral. Oui, je mettais des points d’exclamation toutes les deux phrases…

Et alors ? C’est mon style.

Bon, ben, maintenant, j’écris un blog, j’y prends plaisir. Cédric me demande même de rédiger des textes pour les clients car on adore mon style (naaaaan 😳 ??? vraiment ? mon style tout nul ?)

Et, il y a une semaine, j’ai du aider mon aîné à rédiger un mail. Et je me suis surprise à trouver ca facile.

Et surtout, j’ai découvert avec mon second une formation absolument géniale qui donne des méthodes trop bien pour tous ceux qui ont l’impression que faire du français, ca relève un peu de la magie (c’est la formation de Amélie Vioux : j’adooooore😍). Si j’avais eu cette formation plus tôt, qu’est-ce que ca aurait été différent ! Et, mon second qui avait le même sentiment que moi est en train de se convaincre… tout seul, grâce à cette formation, qu’en fait, il est capable d’écrire une copie de français !

Ce long exemple pour vous dire quoi ? Que ca ne sert à rien d’essayer de “convaincre” les autres.

On m’aurait dit il y a même seulement 10 ans, que le français c’était vraiment fait pour moi, je vous aurais ri au nez. J’aurais voulu convaincre mon second qu’il peut y arriver, ca n’aurait pas fonctionné.

Essayer de “convaincre” ne marche pas.

Le mieux, je crois, c’est de se mettre dans trois positions

  • écouter et poser des questions
  • raconter notre propre expérience – mais juste notre propre expérience sans volonté de convaincre
  • proposer de tester des choses tout en acceptant que la personne ne soit pas prête et refuse – comme ce que j’ai fait avec mon second fils en lui proposant de suivre cette formation. Je vous jure, il était vraiment sceptique !

Ce qu’il est vraiment important d’avoir en tête :

  • il faut se dire que tout changement prend du temps : ce n’est pas ce que vous allez dire, là, qui va changer les choses par magie. Mais vous serez un des éléments qui aura permis à quelqu’un de progresser. En publicité, on dit qu’il faut au moins 7 contacts différents avec une marque pour la retenir. Et bien je suis convaincue que c’est pareil sur le changement : il faut au moins 7 contacts différents avec une idée neuve pour qu’elle commence à se frayer un chemin à notre cerveau.
  • il est nécessaire de se rappeler que si nous, on pense quelque chose, c’est sans doute parce qu’il nous a fallu du temps également, avant. La personne en face va devoir faire ce chemin aussi !
  • et enfin qu’il est important de se dire que les arguments qui nous ont convaincus ne convaincront peut-être pas les autres !

Travailler l’esprit critique chez les enfants

Bon, et pour terminer cet article, on peut, certes, nous changer.

Mais c’est encore plus simple si ce sont des compétences qu’on a apprises tout petit.

En tant que parents, on a un rôle d’apprendre cet esprit critique à nos enfants.

Voici deux techniques que j’utilise, pour ma part :

  • faire des recherches ensemble et adopter l’attitude d’enquête systématique : j’essaye systématiquement de mieux comprendre des sujets avec eux en faisant, par exemple, des recherches sur interne
  • montrer que moi aussi, je change d’avis, je progresse, je me questionne

Les enfants sont des éponges !

👉 Ah, au fait, je vous ai fait un teasing de malade en intro en vous parlant de deux claques : celle sur le français et celle sur l’écriture inclusive. Je vous ai détaillé mon exemple du français. Mais pas le second.😁

Je préfère vous partager la vidéo qui a été une énorme claque pour moi pour que vous vous fassiez votre propre avis.

Une vidéo géniale parce que, justement, l’auteure, Viviane Lalande de la chaîne Youtube Scillabus (que je vous invite à découvrir, elle est passionnante !!! 🤩) prend soin de rappeler ses avis et de ne pas nous imposer son point de vue.

A voir et à partager largement si elle vous convainc !!!👇

À propos Valérie

Je m’appelle Valérie, je suis mariée, mère de 3 enfants, et entrepreneure. J’ai co-fondé WeNow, une start-up qui vise à réduire l’impact des déplacements en voiture sur la planète. Pour en savoir plus sur cette aventure : wwww.wenow.com Multi-passionnée, je m’intéresse en particulier à la pédagogie, au développement personnel et à tout ce qui touche aux sciences comportementales ou aux travaux sur le cerveau. Fin novembre 2018, j’ai suivi le forum « Wake up, ou comment arrêter de vivre sa vie à moitié endormie ». J’ai décidé que je voulais vivre une année extraordinaire. Pour cela, je pose des actes à la hauteur de mes ambitions, pour être « le changement que je veux voir dans le monde » comme le suggérait Gandhi.

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