Réflexions et analyses

La réussite est juste une question d’état d’esprit…

Les capacités et le talent ne suffisent pas. L’état d’esprit joue un rôle essentiel dans le succès.

Je sais, je sais. « Juste », c’est facile à dire. Pas toujours facile à faire…

L’état d’esprit, c’est la manière dont on aborde la vie, dont on prend les événements qui nous arrivent, dont on analyse les faits… On peut le faire avec plus ou moins de bonne humeur. Avec plus ou moins d’envie. Avec plus ou moins d’enthousiasme.

Ce qu’on sait peu, c’est que notre état d’esprit est un véritable super-pouvoir. Car c’est notre état d’esprit, bien plus que nos talents, qui fait la différence dans le succès. Si, si.

2 types d’états d’esprit, selon Carol Dwerk

Carol Dweck, professeure de psychologie à l’université de Stanford, a étudié l’influence de l’état d’esprit des personnes sur leur vie. Dans son livre “Osez réussir ! Changez d’état d’esprit”, elle explique qu’il existe deux types de personnes : ceux qui ont un état d’esprit de développement (appelé “growth mindset” en anglais) et ceux qui ont un état d’esprit fixe (fixed mindset).

Selon elle, avoir un « état d’esprit fixe« , c’est penser que tout est déterminé à la naissance : ce qu’on sait faire (ou pas), nos qualités (et nos défauts), notre personnalité… sont des données de base et on ne peut y changer grand chose. Pour ces personnes :

  • toute critique est forcément une attaque personnelle puisque les erreurs et les succès sont liés aux talents personnels;
  • toute erreur est due à une incompétence naturelle : on ne peut pas changer ni progresser.
  • si on n’a pas les compétences nécessaires pour effectuer une tâche, à quoi bon se donner du mal ? Ces personnes n’aiment pas la difficulté.

Par opposition, Carol Dwerk regroupe sous le vocable « état d’esprit de développement« , toutes les personnes qui croient que les qualités sont avant tout développées en travaillant, et que tout le monde peut s’améliorer. L’objectif est donc d’apprendre pour progresser : même les génies doivent travailler dur ! Ces personnes n’hésitent pas à prendre des risques, sont motivées par les obstacles, les critiques ou les difficultés parce qu’elles peuvent apprendre des choses et que toutes les erreurs sont des opportunités d’apprentissage. Elles se disent que cela prend du temps pour que le potentiel fleurisse. Carol Dweck explique que l’état d’esprit fixe peut être une défense qu’on se construit pour protéger nos croyances et éviter de prendre des risques.

état d'esprit de développement

Vous vous reconnaissez dans l’une ou l’autre de ces descriptions ? Vous reconnaissez vos enfants ?

Sans surprise, la recherche prouve que les gens qui ont un état d’esprit de développement sont plus heureux et réussissent mieux que les autres. Elle rajoute que changer les croyances des gens (adultes et enfants) peut avoir des effets profonds. Croire que les talents peuvent être développés permet aux personnes à l’état d’esprit en développement d’accomplir leur potentiel.

La bonne nouvelle, c’est que, même si on a style de pensée plus naturel que l’autre, on peut changer d’état d’esprit :

“Nos états d’esprit sont une part importante de notre personnalité, mais nous pouvons en changer. Simplement en connaissant les deux états d’esprit, vous pouvez commencer à penser et à réagir de nouvelles manières.”

Carol Dwerk

Stop aux étiquettes !

« Tu es intelligent !« , »Tu es maladroit !« , « Tu es matheux » … que ce soit en positif ou en négatif, les phrases que nous répétons à nos enfants vont les marquer. Alors, c’est hyper important de bien choisir les mots que nous utilisons.

Les verbes d’état (être, avoir) favorisent l’état d’esprit fixe. Pour développer l’état d’esprit de développement, il vaut mieux éviter toutes les remarques qui collent une étiquette à votre enfant. Au lieu de qualifier un état, ou un trait de caractère, concentrons-nous sur l’action. L’important n’est donc pas de se concentrer sur la réussite, mais sur l’apprentissage. Ni de se concentrer sur l’échec, mais sur l’apprentissage.

  • « Tu es le meilleur ! » -> « tu réussis car tu travailles dur. « 
  • « Tu n’es vraiment pas doué pour le dessin » -> « Tu n’as peut-être pas autant de dispositions que certains, mais tu m’amélioreras avec la pratique.« 

Apprenons à nos enfants à refuser les étiquettes, qu’elles soient positives (« tu es le meilleur« ) ou négatives (« tu es maladroit« ). Apprenons-leur à répondre poliment (si ce n’est à l’oral, au moins dans sa tête) qu’il n’EST pas comme ci ou comme ca, mais qu’il s’améliore tous les jours.

Compliments : encourager le processus

La manière dont nous complimentons nos enfants a un rôle crucial sur l’évolution de leur état d’esprit. On pense tous bien faire en complimentant l’intelligence ou le talent de notre enfant. Et bien, au lieu de renforcer leur confiance en eux et dynamiser leur motivation, cela fragilise leur confiance et leur motivation.

Voilà l’expérience que Carole Dwerk raconte dans “The secret to raising smart kids”,

“La psychologue Claudia M.Muller et moi même avons donné aux enfants des questions d’un test de QI. Après les 10 premières questions, où la plupart des élèves ont été bons, nous les avons complimentés. Nous avons complimenté certains pour leur intelligence : “Wahou… c’est un très bon score. Tu dois être intelligent.” Pour d’autres, nous les avons complimenté pour leurs efforts : “Wahou… c’est un très bon score. Tu dois avoir travaillé très dur.”

Nous avons constaté que les compliments basés sur l’intelligence encouragent un état d’esprit fixe plus souvent que les compliments basés sur l’effort. Les élèves complimentés pour leur intelligence, par exemple, souhaitaient éviter les tests difficiles – ils en voulaient un facile à la place – plus souvent que les enfants félicités pour leurs efforts (ces derniers voulaient résoudre les problèmes difficiles pour pouvoir apprendre).

Quand nous leur avons donné à tous des problèmes difficiles à résoudre, ceux dont on avait reconnu l’intelligence se sont découragés, ont douté de leur capacités. Et leurs scores, y compris sur des exercices plus faciles que nous leur avons donnés après, ont décliné en comparaison de leurs résultats précédents sur des problèmes similaires.
À l’inverse, les enfants complimentés pour avoir travaillé dur n’ont pas perdu leur confiance face aux questions plus difficiles, et leur performance s’est améliorée sur les exercices plus faciles qui ont suivi.

Carol Dwerk

Faut-il donc arrêter d’encourager et de féliciter nos enfants ? Non, bien sûr ! Il faut simplement le faire autrement. En se concentrant sur les processus que l’enfant a utilisé :

  • stratégies,
  • efforts,
  • choix
  • concentration
  • persévérance
  • amélioration…

Cette attention portée au processus peut aussi être répété au quotidien à travers des phrases comme :

  • « Donne toi à fond et sois fier(e) de la manière dont tu t’accroches. »
  • « Etre le/la meilleur(e) que tu puisses être, c’est le plus important.« 
  • « Si tu sais que tu as donné tout ce que tu pouvais, tu seras toujours un(e) gagnant(e).« 
  • « Allume le feu en toi-même et cherche toujours à t’améliorer.« 

Transformer les erreurs en défis

Il s’agit de ne pas focaliser sur les bêtises de nos enfants ou leurs erreurs (un état fixe) et plutôt parler de maladresses et d’apprentissages (processus). En fait, il faut réussir à donner envie de continuer ce qui est bien et de progresser. Cela signifie :

  • partir de ce qui est réussi
  • proposer de chercher comment résoudre le problème

Par exemple, plutôt que de dire à un enfant qui fait tomber un vase « Tu es vraiment maladroit !« , on peut dire :

  • ça a dû vous paraître amusant de….On fait tous des erreurs. Il s’agit seulement d’apprendre de nos erreurs et de faire ce qu’on peut pour en réparer les conséquences.
  • qu’est-ce que tu peux faire pour réparer ?
  • comment t’y prendras-tu la prochaine fois pour éviter que cela ne se reproduise ?
  • qu’est-ce que tu as appris de cet incident ?

Expliquer aux enfants comment le cerveau fonctionne

Notre cerveau continue d’évoluer et de s’adapter à tout âge. Plus on répète un comportement, plus les connexions des neurones dédiés à ce comportement se renforcent, et plus la tâche devient facile.

Rappelons à nos enfants ce qu’ils ont appris, montrons-leur que ce qu’ils trouvaient difficile il y a quelques temps qui leur est facile aujourd’hui. Plus ils vont comprendre que leur cerveau apprend tous les jours en faisant, plus ils seront à l’aise avec l’idée de tester, expérimenter pour apprendre. Plus ils développeront ce fameux « état d’esprit de développement ».

Pour compléter cette analyse, je vous propose d’écouter Carol Dwerk, elle-même, dans une conférence TEDx inspirante.

À propos Valérie

Je m’appelle Valérie, je suis mariée, mère de 3 enfants, et entrepreneure. J’ai co-fondé WeNow, une start-up qui vise à réduire l’impact des déplacements en voiture sur la planète. Pour en savoir plus sur cette aventure : wwww.wenow.com Multi-passionnée, je m’intéresse en particulier à la pédagogie, au développement personnel et à tout ce qui touche aux sciences comportementales ou aux travaux sur le cerveau. Fin novembre 2018, j’ai suivi le forum « Wake up, ou comment arrêter de vivre sa vie à moitié endormie ». J’ai décidé que je voulais vivre une année extraordinaire. Pour cela, je pose des actes à la hauteur de mes ambitions, pour être « le changement que je veux voir dans le monde » comme le suggérait Gandhi.

5 comments on “La réussite est juste une question d’état d’esprit…

  1. Je crois que ma génération (les quadra actuels) ont beaucoup entendu des remarques de ce type « tu es trop sensible », « tu es maladroit », « tu as vraiment des facilités à l’école ». On ne l’a pas tous bien vécu (ça dépend de la remarque…!), et on essaye de faire mieux, et de ne pas retomber dans le même schéma, mais on les a tellement entendues que parfois ces petites phrases sortent toutes seules…

    Aimé par 1 personne

    • Merci Solenne pour ce commentaire qui vient du coeur. Efectivement, c’est une nouvelle configuration qu’on demande a notre cerveau, et ce n’est pas toujours facile, parce que ca sort tout seul… ou qu’on ne trouve pas ce qu’on pourrait dire d’autre.

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