Il existe trois formes de joies liées à l’apprentissage :
- la joie liée à la surprise, à la découverte – c’est la joie de la spontanéité,
- la joie d’enseigner, de partager son savoir,
- la joie de se dépasser, de fournir un effort et d’arriver à surmonter une difficulté. C’est la joie de se dépasser.
On observe le premier type de joie quand on regarde de jeunes enfants apprendre d’eux-mêmes : patauger dans une flaque de boue et découvrir que cela tâche. Jouer avec la mousse. Mélanger des couleurs…
Assez naturellement, les enfants partagent également le fruit de leurs apprentissages avec les autres.
L’école valorise l’effort
Mais ni la découverte spontanée, ni la joie de transmettre ne sont vraiment valorisées à l’école. A l’école, on ne peut pas apprendre ce que l’on veut, quand on le veut. A l’école, partager c’est faire un chahut… ou tricher. L’école crée un cadre strict dans lequel les enfants doivent s’insérer : il faut apprendre, il faut travailler comme l’exige la règle, la même pour tous. L’école demande aux élèves de faire l’effort de s’adapter. Ils doivent apprendre des matières à des heures données, respecter un programme. Tout le monde doit apprendre au même rythme et selon le même canevas. Et tant pis s’il y en a qui iraient plus vite dans une matière et qui s’ennuient ou d’autres qui ne suivent pas. Ou s’il y en a qui apprendraient la même chose, mais seulement si c’était présenté autrement. Les élèves doivent apprendre d’eux-mêmes à aimer se dépasser, aimer le goût de l’effort.
Or ce type de joie – la joie de se dépasser – n’est pas simple à apprivoiser. J’aurais même tendance à dire que c’est quelque chose qu’on découvre avec le temps. Si on osait une comparaison, la joie « de la découverte spontanée » serait comme le goût sucré, un goût facile et apprécié de tous. Et le deuxième un goût plus « adulte », comme le café ou encore le vin, qui nécessitent un cheminement pour être réellement appréciés.
Apprendre nécessite un investissement personnel certes. Mais il nécessite avant tout un état d’esprit. Une curiosité, une ouverture, l’envie de se poser des questions, de ne pas rester sur des acquis, oser remettre en question ce qu’on pense. De la légèreté et de la poésie ?
Chasseurs de papillons
Un état d’esprit que nous pouvons cultiver chez nous et chez nos enfants à travers un petit jeu quotidien.
- Chaque matin, se lever en se disant que l’on va apprendre quelque chose.
- Pendant la journée, cultiver l’état d’esprit d’un chasseur de papillons : essayez de capturer dans votre filet toutes les informations ou connaissances – petites ou grandes – qui font que, le soir, vous vous coucherez en ayant découvert quelque chose. Cela peut être une histoire qu’un copain a raconté, un nouveau savoir scolaire, une nouvelle compétence, quelque chose qu’on a lu ou vu…
- A la fin de la journée, faire le bilan de sa chasse : quelles sont ces grandes ou minuscules informations/concepts/ idées malignes que l’on n’avait pas en se levant, et la savourer. On peut la noter dans un carnet.
- Encore mieux : sélectionner un des papillons, une jolie pépite – quelque chose qui peut être tout simple ou grandiose – et la présenter à la famille. Le but du jeu est d’être capable de l’enseigner a quelqu’un d’autre, ou du moins de lui donner envie d’en savoir plus.
Au début, le butin sera maigre. C’est normal. Ce n’est pas parce qu’on n’a rien appris de la journée. C’est parce qu’on n’a pas fait assez attention. C’est une attention qu’il faut cultiver.
Un exercice à faire en famille
Cet exercice est formidable à réaliser en famille (pourquoi pas lors du dîner en famille le soir ?), au même titre que les kifs de la journée. Pourquoi ?
Parce que :
- c’est plus facile de trouver quelque chose qu’on a appris quand on y réfléchit à plusieurs,
- c’est toujours plus facile de se motiver à plusieurs,
- présenter un concept aux autres permet de valider qu’on l’a appris et d’ancrer cet apprentissage encore plus profondément,
- cela génère des discussions passionnantes en famille,
- pour les enfants, c’est intéressant de voir que vous aussi, parents, vous avez du mal à en trouver. Ils ne sont pas seuls.
Attention. Pour que les enfants aient envie de jouer à ce jeu, il est nécessaire que les adultes se montrent vraiment intéressés par ce que l’enfant va vous raconter. Pas de jugement. Mais plutôt des questions intéressées. Et si les adultes jouent le jeu également, c’est plus facile 🙂
Cet exercice quotidien va permettre de porter beaucoup plus d’attention à ce qu’on vit, ce qu’on découvre. Et surtout découvrir qu’on apprend tous les jours et qu’apprendre est un véritable jeu ! Même quand on est adulte ! Alors, qu’allez-vous apprendre aujourd’hui ? 😉
- Une enseignante a proposé à ses élèves de réaliser un carnet « qu’ai-je appris » pour les mettre dans une démarche proactive par rapport à tout ce qu’ils apprennent à l’école. Je trouve l’idée très astucieuse. Voici le lien vers le pdf dans lequel elle explique l’ensemble de sa démarche.
- Petit bonus pour ceux qui veulent coûte que coûte terminer une journée en apprenant quelque chose : le podcast « Les petits curieux » répond en 1 minute à toutes sortes de questions d’enfants (même d’adultes – mais eux, ils n’osent plus exprimer ouvertement qu’ils ne savent pas la réponse à ces questions). on apprend plein de choses fascinantes !
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